Barbarismes..amicacci !

Un bellu pezzu ch’un v’aghju parlatu corsu. Un bon moment que je ne vous ai pas parlé corse !
E cumu oghje, si tratta di a nostra lingua nant’a Rue 89 (u ligame è qui), m’aghju pinsatu chi era u mumentu di favi un rigalu. E comme aujourd’hui, on parle de notre langue sur Rue 89 (le lien est ici), je me suis dit que c’était le moment de vous faire un cadeau.

Amicacci.. les faux amis ! Une petite dizaine d’expressions que je relève ici ou la et dont la traduction en corse est parfois baroque. Barbarismes et contresens. Il y en a d’autres mais ceux-là, c’est de mon point de vue, les plus courants et surtout ceux qui vont hérisser les oreilles de vos auditeurs.

Il ne reste plus qu’à les apprendre par cœur…tiens à propos de par cœur.. un bonus qui n’a rien à voir avec le barbarisme mais qui illustre la richesse de notre idiome. En français, on oublie. On oublie sa famille et on oublie son parapluie. En Corse, il y a deux mots différents suivant l’importance de la chose dont on parle.

Scurdà.. pour les choses qu’on a dans le cœur.. mi so scurdatu di tè..je t’ai oublié
Smintica… pour les choses qu’on a dans la tête…dans le cerveau… m’aghju sminticatu u mo paracqua.

Et ce n’est pas la même nuance, vous en conviendrez. U core le cœur, a mente , l’esprit, l’intelligence, la mémoire. Sur le continent, vous savez par cœur, sur l’île, a sapete di mente, vous l’avez dans la tête. Et franchement, c’est plus logique. Les maths, la chimie et la physique, autant de matières que ai allègrement oubliées, n’ont jamais eu de place dans mon cœur…

Vous voulez dire
Vous avez dit
Et alors?
Il faut dire…
il était temps
era tempu
et alors? C’est un grand classique du barbarisme! Vous
avez importé en langue corse, une forme usuelle en français
mais qui n’est pas du tout adaptée. Et vous êtes impardonnable
car j’en ai déjà parlé ici même.
Era ora.. C’était l’heure
Quel jour sommes-nous
Chi ghjornu simu
et alors? Bon, vous serez compris mais vous aurez raté
une occasion d’utiliser une vraie tournure idiomatique, une façon
de dire les choses qui montre que vous ne vous bornez pas à traduire
de façon littérale.
Quantu n’avemu oghje? Combien en avons nous aujourd’hui?
Il est encore venu
è ancora vinutu
et alors? C’est l’horreur absolue. Une tentative de
traduction basée sur la similitude des sons. Parfois ça
marche mais là, c’est le ridicule assuré.
è vinutu torna.. Torna indique la répétition
dans l’action.
Quelle chance!
Chi chanza!
et alors? Tout le monde le dit ou presque, donc on vous
pardonnera mais « chi chanza » (prononcé tchintza) n’existe
pas en lanque corse où vous retrouvez « campa » « furtuna »
ou le rare « diccia ».
Chi campa! Chi furtuna!
J’ai joué de la guitare
aghju ghjucatu di a guittara
et alors? Jouer se dit bien ghjucà en corse.
Mais ça ne marche pas pour les instruments de musique. Si ghjoca
a carta, on joue aux cartes mais un si ghjoca micca di a guittara
Toccu a guittara…je touche la guitare
Bastia a gagné le match
Bastia a guadagnatu u match
et alors? Un peu comme pour jouer, nous nous trouvons
dans un piège lié au fait que guadagnà veut bien
dire gagner. Oui, mais au sens de gagner sa vie. Gagner un match ou une
partie de cartes commande une expression idiomatique. Observation perfide,
les résultats actuels du club font que vous aurez peu d’occasions
de commettre cette bourde.
Bastia a vintu.. Bastia a vaincu
C’est à moi de parler
è a mè di parlà
et alors? Là aussi, vous serez compris mais c’est
un petiot barbarisme quand même. Car il existe une expression parfaite
pour exprimer que c’est son tour de faire quelque chose
Tocca a mè di parlà..tocca a tè…
Tuccà veut aussi bien toucher qu’échoir.. Très jolie
formule donc car car elle se traduit par c’est à moi qu’il échet
de parler
Je l’ai échappé belle
L’aghju scappata bella
et alors? Barbarisme quand tu nous tiens. Et ce pouvait
être pire (je l’ai entendu!!) avec « encora orosu ». A proscrire
sous peine de devenir une célébrité locale.
l’aghju corsa brutta
Encore heureux
Ancu felice

et alors? Barbarisme quand tu nous tiens. Et ce pouvait
être pire (je l’ai entendu!!) avec « encora orosu ». A proscrire
sous peine de devenir une célébrité locale.
Ancu assai
Je l’ai entendu et senti
l’aghju intentidu e l’aghju sentitu
et alors? Maudit verbe « sente » qui en langue
corse, suivant le contexte dans lequel il est employé, veut tout
aussi bien dire « entendre » que « sentir ». Son participe
passé « intesu » au masculin et « intesa » au masculin
est donc fréquent. Exemple: j’ai senti la douleur => aghju entesu
a pena… j’ai entendu le bruit => aghju entesu u rimore.
l’aghju intesu e l’aghju intesu

PS.. le blog que vous parcourez, fait partie d’un site dédié à l’apprentissage de la langue corse. Si vous voulez le découvrir, cliquez sur l’image ci-dessous…

4 réflexions sur « Barbarismes..amicacci ! »

  1. Ping : 1.9 – Musique et crépuscule (1) | Calepin

  2. Casanova

    « He turnata a entre »… »he turnata a vene » dicia mammona umbece di « è vinutu torna ». Quand au verbe être écrit comme celà, je n’ai jamais vu ça mais on apprend tous les jours.
    Cordialement, JL.

    Répondre
    1. linguanostra Auteur de l’article

      les deux se disent. Idem, pour l’auxiliaire « être » nous pouvons avoir, « hè » ou « è » ou même « ghjè » so on veut faire résonner la prononciation (confer l’excellent site de synthèse de « lingua corsa
      http://e.garidacci.pagesperso-orange.fr/lingua-corsa/cunghjucazione/tableaux/esse.htm
      Par contre pas d’accord pour le « umbece » qui s’écrit en fait « in vece » . Là aussi voir le site de référence « ADECEC »
      Un exemple de plus du caractère très latin de la langue corse puisque c’est une déclinaison de « vicis » en « vice’ qui signifie « au lieu de  » Le vice et versa français en somme.

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