Le château du Prince Pierre à Luzzupeu

Il m’a souvent été donné de vous parler du temps qu’il fallait, l’été venu, pour rejoindre le village. Le train, le bateau bien entendu mais aussi la poste. Départ, place de la citadelle à Calvi et l’interminable route de la côte avec halte obligée à chaque colis à livrer, à chaque passager rendu.. camping des mouflons, Bocca Seddia, Bocca Bassa…

Un endroit m’impressionnait sans que pourtant nous ne nous y soyons jamais arrêtés. Une ruine imposante sur une crête à l’écart de la route aux environs immédiats de Luzzupeu et avant l’Argentella.

Ma mère me disait que c’était le château du Prince Noir qui avait été exilé ici pour des raisons politiques. Elle ne savait pas exactement lesquelles mais me précisait que le Prince, fort marri d’être éloigné de Paris avait ensuite tant apprécié son séjour, qu’il avait écrit un lamentu pour exprimer son désespoir lorsqu’il avait fallu repartir. Le texte de ce lamentu, elle ne le connaissait pas vraiment mais se souvenait qu’il commençait par « ô rendez moi mes montagnes, ô rendez moi mon maquis… ». Je n’ai trouvé nulle trace de cette chanson mais peu importe, il n’en fallait pas davantage pour exciter l’esprit d’un gamin d’autant que les passagers de la poste lui précisaient en toute bonne foi, que les hauts murs avaient abrité une ménagerie, lions, tigres….

Il aura fallu que j’attende cet automne pour me rendre enfin sur les lieux avec la Belette Agile à qui j’ai délégué l’aspect photographique du blog. Impressionnante bâtisse ! ! Le mur d’enceinte m’a étonné. Il court sur je ne sais combien d’hectomètres et enserre la propriété dont j’ai découvert en lisant les quelques textes qui lui sont consacrés, qu’il s’agissait d’un pavillon de chasse. Pas de tigres donc, ni de lions mais sans nul doute des écuries et un ou plusieurs chenils. Le Prince Pierre Bonaparte n’était peut être pas pour rien surnommé « Petru di i centu cani ».

Ce que je trouve passionnant dans cette histoire, c’est la façon dont elle a été revisitée pour ne pas dire enjolivée.

Le gaillard était un turbulent, c’est le moins qu’on puisse dire. Grand voyageur, prompt à la détente ( une lieutenant des carabiniers y laissa la vie ainsi que quelques bandits semble-t-il), plus ou moins conspirateur, homme politique. Bref une figure. Mais pas du tout un exilé puisque c’est en conseiller général qu’il est arrivé en Balagne où son nom est associé, entre autres, à quelques fontaines dont celle de Calenzana.

Une chose m’intrigue, c’est le surnom de Prince Noir. Je me demande, mais c’est sans doute un anachronisme, si ce surnom ne lui a pas été donné après coup (si je puis dire) lorsque il a tué le journaliste Victor Noir. Une curieuse fusion entre le prince qu’il était et le nom de sa victime.

Le personnage était romanesque. Vous pourrez en savoir davantage sur lui en cliquant ici et . L’endroit est magnifique. Mais délabré. La nature effacera les traces du Prince. De temps en à autres, je referai la route de la cote, en me demandant comme à l’époque, ce qu’il serait arrivé si un tigre ou un lion s’était échappé pour remonter jusqu’à Bardiana. S’invechja ma ferma u zitellu chi simu statu ! !

PS.. le blog que vous parcourez, fait partie d’un site dédié à l’apprentissage de la langue corse. Si vous voulez le découvrir, cliquez sur l’image ci-dessous…

Une réflexion sur « Le château du Prince Pierre à Luzzupeu »

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