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Pêche en septembre mais aussi…

Pour parler de cette sortie de pêche en septembre, j’ai pensé aux corsophones en enregistrant le texte en corse (je me suis fait plaisir!). Donc, du français écrit et du corse parlé…

De temps à autres, nous sortons pour une pause. M. (pas de nom) collègue, ami, professeur de pêche et facteur de mouches et moi. Il mâche et je fume. C’est souvent là que naissent les grandes idées. Puisque la pêche allait fermer le 20 septembre, pourquoi ne pas passer deux ou trois jours dans le Filosorma ? Un coup de bateau, quelques kilomètres en voiture. Rien de bien compliqué. Décision arrêtée, négociations conclues avec les épouses, il nous restait deux ou trois semaines avant le départ. Deux ou trois semaines pendant lesquelles M. a fabriqué des mouches et où moi je n’ai rien fait de particulier.

Départ un lundi matin pour un retour le mercredi soir. Grand beau temps à l’aller, installés dans des chaises longues sur le solarium du ferry. Une halte à Calvi pour acheter de quoi faire les sandwichs du midi. Le soir bien entendu, diner à la Muvrella, cochon sauvage, assiette du berger, myrte. Du classique et du bon.  L’essentiel n’était pas là.

L’essentiel c’était la pêche. Lundi en fin de journée, coup du soir de Mansu à San Quilicu. Mardi matin au lever du jour, de Tuarelli à Mansu. Mardi soir, remontée vers Candela..Mercredi matin, de Candela à la Cavicchia. Pour être honnête, M. est un vrai pêcheur confirmé et il envoie sa soie naturelle à 20 mètres et plus alors que je suis heureux quand je réussis à poser ma mouche à quinze mètres. Et pourtant, glorieuse incertitude du sport, la surprise a eu lieu. Désolé d’écrire ça, car je sais qu’il me lit. J’ai pris une truite de plus que lui.

Pour être plus clair, je dois dire aussi que j’en ai pris qu’une (au confluent entre le ruisseau de Montestremu et le Fangu) et lui zéro.  Quelques touches, mais des poissons nerveux avec des attaques soudaines impossibles à voir venir. Alors, un mauvais séjour ? Non. Surement pas !

fanguPas de poissons mais une eau tiède et claire. Il faut avoir vu mon compagnon envoyer ses vêtements sur les rochers du coté de la Treccia et se prendre un bain d’anthologie en regardant tout autour de lui, la forêt toute proche et les montagnes plus loin. Puis une baignade aux Force, vous savez, dans la cascade où l’eau de Bocca Bianca est plus chaude en dessous du grand rocher. Juste avant le pique-nique, pain trempé à l’huile d’olive,  oignon, jambon et fromage corse. L’Eden paraît-il. Ce n’est pas moi qui le dit mais lui.

Emmener avec soi quelqu’un qui ne connaît pas le Filosorma est une excellente idée. On ouvre les yeux sur des choses qu’on croit connaître par cœur et qu’on découvre à nouveau. Il regardait les montagnes et le cirque de la solitude qu’il avait traversé deux ans plus tôt et moi, je me rendais compte qu’il n’y avait plus de neige à un endroit où je l’avais toujours vue même au plus fort de l’été. Je lui faisais découvrir le Tafonatu et là aussi, aucun névé. Nous avons traversé la rivière sans problème en sautant de pierre en pierre à des endroits où d’habitude, on ne passe pas. Et ces baignades en septembre dans une eau à 22 degrés ! Un plaisir étrange. Moi qui suis frileux, je suis rentré dans l’eau sans effort. Même en été j’avais du mal.

Pas de truites ou alors très méfiantes. Comme disent les pêcheurs, elles étaient calées au fond. Peu d’eau et une eau chaude. Comme le maquis, les poissons attendaient la pluie.

Ce n’est pas la première fois que je le dis. Mais, il y a longtemps que je n’étais pas allé à Bardiana en toute fin d’été. Et avec des yeux neufs comme je le disais plus haut. La rivière souffre à un point que je n’imaginais pas. Le niveau est bas. Il ne pleut pas. On avait tort de parler de neiges éternelles.  Le Fangu est une rivière sauvage. Il est classé comme tel. Mais, son destin est celui d’un oued qui ne court que lorsqu’il pleut.

Nous retournerons sans doute pêcher l’an prochain, si ces dames nous donnent la permission. Et ce sera tout aussi agréable. Et sans doute encore un petit peu plus triste.

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Terramotu…

Un texte en français et sa transcription sonore en langue corse..

Amical bonjour à toutes et à tous ! J’espère que l’été s’est bien passé pour tout le monde. Quelques jours de randonnée en Écosse, puis deux jours de pêche au village (j’en reparlerai) et du travail en retard. Mais, me revoilà pour vous parler d’un événement bien ancien dont je me souviens comme si c’était hier. Un phénomène naturel où comme souvent en Corse, comme ailleurs j’imagine, les croyances populaires trouvent leur place.

En 1963, le 19 juillet, à 7 heures 46, un tremblement de terre de magnitude 6 a eu lieu au large de San Remo, non loin de la Corse par conséquent. C’était le plus important séisme de la région au vingtième siècle. (voir ici)

J’étais au village en train de dormir dans un de ces lits pliants qu’ont connu tous ceux dont la maison était trop petite pour accueillir la famille en été. La salle à manger ou le salon devenaient une chambre. Bref. Ma mère m’a réveillé en vitesse et m’a pris dans ses bras pour sortir de la maison et monter sur la route où nous nous sommes assis sur la muraillette. J’étais désorienté et presque malade d’avoir été ainsi cueilli dans le sommeil.

Ce que j’ai vu, m’a vite ramené à la réalité. Tout bougeait. Sur l’éboulis près de l’ancien poulailler de ma tante, de grosses pierres se détachaient et roulaient dans le ruisseau. Sur la route, il y avait un âne avec son bât chargé de bouteilles vides. La route dansait et l’âne avec lui. J’ai encore dans l’oreille, le bruit des bouteilles qui sonnaient comme des clochettes. Au bout d’un moment, tout s’est calmé et nous sommes rentrés à la maison. Maman m’a dit que c’était un tremblement de terre.. un terramotu.. la terre qui fait un mouvement. Un mot corse que je n’ai jamais plus oublié.

Pas de victimes et peu de dégâts. Et un souvenir amusant. Quelques jours après, un cousin venu d’un autre village, nous a raconté que le matin du terramotu, sa mère, au lieu de sortir, était en train d’ouvrir toutes les fenêtres et portes de sa maison en demandant aux esprits de sortir. Âme sainte, âme sainte laisse nous en paix.. Elle croyant que les fantômes étaient chez elle et faisait ce que la tradition lui commandait de faire. Son fils lui avait expliqué qu’il valait mieux laisser les fantômes dedans et sortir si elle ne voulait pas que le toit lui tombe sur la tête. Quand on ne comprend pas les choses naturelles, l’idée du surnaturel s’impose. C’est sans doute comme ça que sont nées les religions.

Une pensée pour finir pour nos cousins italiens. Une fois de plus, ils ont été frappés. Et là, il n’y a aucune place pour un sourire.

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Rendez-vous en septembre !

Un texte en français et sa transcription sonore en langue corse en l’honneur du Fangu d’hier et d’aujourd’hui.

Bientôt quelques jours de vacances. Loin de la Corse et du village trop bruyant en été. J’y retournerai dans les premiers jours de septembre pour lancer la mouche dans le Fangu avant la fermeture de la pêche.

Avant de partir, j’ai voulu vous laisser un souvenir. Un film qui a quarante ans. J’ai hésité à la mettre en ligne car je n’ai pas eu l’autorisation des trois jeunes gens qui m’accompagnaient ce jour là. Mais qui va nous reconnaître ? Et puis si ça pose un problème, je retirerai la vidéo.
C’était en septembre aussi. Un lendemain de crue. Le pari c’était de descendre de Bardiana à Manso dans un bâteau pneumatique. San Quilicu, a verga, pozzu di u saltu…Je me dis que nous étions un peu fous même si nous connaissions la rivière par cœur.
Des souvenirs, de la fraîcheur et beaucoup d’eau.
Hélas, le Fangu d’aujourd’hui ne ressemble plus à ça.

Ce film est un souvenir de ma jeunesse mais aussi de ce que fut une rivière sauvage.
Ce que me racontent mes cousins est différent.
Beaucoup trop de monde, une eau sale et le Fangu qui souffre.
Il n’est pas question d’empêcher les gens de profiter mais un peu de respect pour la nature, ce n’est pas trop demander, me semble-t-
Sensible et fragile, sécheresse et surpopulation, la vallée résiste mal.
Mon souvenir est en fait un peu triste. L’eau a couru. Le temps aussi. C’est comme ça. Mais ce n’est pas une excuse pour laisser faire..le fameux lascià corre.
Bon, je ne veux gacher l’été de personne. Pensez juste un instant que vous êtes les locataires de vos enfants. Vous ne profiterez pas moins.

A bientôt amis du Filosorma et d’ailleurs !

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A Foce…

Pour parler du delta du Fangu, j’ai pensé aux corsophones en enregistrant le texte en corse (je me suis fait plaisir!). Donc, du français écrit et du corse parlé…

Ce billet est le dernier de la petite série consacrée à nos ballades de juin.  C’est une promenade un peu spéciale car elle est aquatique. Ce doit être la cinquième ou sixième fois que nous la faisons avec toujours le même plaisir. Il s’agit de naviguer pendant une petite heure dans l’embouchure du Fangu en louant un kayak.

Cette balade est très particulière pour moi. En créant ce blog, je n’avais pas d’autre ambition que de parler du Filosorma. En relisant les billets que j’ai écrits, je me rends compte que sans le faire exprès, j’ai jeté comme un pont entre les souvenirs de mon enfance et aujourd’hui, entre ceux qui ne sont plus et ceux qui peuvent encore découvrir ces lieux de promenade.

A Foce, comme le Tafunatu par exemple, est de ce point de vue un endroit extraordinaire. Lorsque nous étions gamins, l’embouchure du Fangu nous était présentée comme un lieu mystérieux, dangereux même à cause (nous disait-on) des sables mouvants. C’était le refuge des plus gros sangliers et des poissons énormes bien protégés des chasseurs et des pêcheurs par un maquis épais. Il n’était pas question d’y entrer et depuis la route, je regardais cette forêt en bord de plage comme j’aurais pu observer un petit bout d’Amazonie. J’ai noté que le jeune homme qui nous avait loué le kayak, ne savait pas que cet endroit où il passe une bonne partie de son temps se nommait a Foce.

Je vous propose (le lien est ici) de télécharger le document de l’IGN qui décrit la promenade mais raconte aussi l’histoire du lieu.

foce

Un petit conseil toutefois. Comme souvent dans le Filosorma, il faut éviter cette activité au plus fort de la saison estivale. Trop de monde, trop de lumière et trop de bruit. Non, il faut y aller en juin ou en septembre quand la nature reprend son souffle. Le matin ou lorsque le jour décline. C’est le paradis des cistudes. Une petite parenthèse à ce propos. En Corse, la plupart du temps, vous entendrez dire « a cuparella » alors que chez nous, c’est de « tistughjine » dont on parle. Le latin et son « testudines » est tout proche !  Et puis, faites moi plaisir, si vous n’en voyez qu’une ou deux, et même aucune, ne vous plaignez pas. La nature n’a pas d’obligation de résultat.

Le simple fait de ramer tout doucement dans les bras du Fangu, tout près de la plage de a riniccia avec la grande barrière en arrière plan, est un instant magique.  Les nymphéas à eux seuls, méritent le voyage. Si j’ai bien compris, ils n’étaient pas là à l’origine. Un bateau  aurait ramené volontairement ou non, les rhizomes. Un accident de parcours plutôt positif. On ne peut en dire autant à propos des écrevisses de Louisiane dont je découvre en lisant les textes du Conservatoire du Littoral, qu’elles auraient colonisé les lieux.

Il y a les tortues, quelques oiseaux, des nénuphars et puis le bruit de l’eau qui glisse le long du kayak. Une heure de sérénité. Comme toujours, les photos de la Belette Agile (son blog est ici) vous donneront une idée de la beauté de a Foce.

Le plus beau dans tout ça, c’est a Foce, on ne fait que l’effleurer. Le kayak ne pénètre pas au plus profond de la mangrove. Ainsi, le mystère qui entourait ce lieu, demeure presque intact. Il  y a peut être bien des sangliers géants et des truites énormes juste un peu plus loin.. Ça me plaît d’y croire.

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Da vede… Scandula

ll aura fallu quelques années, pour ne pas dire des dizaines, pour que trouve le temps d’aller faire un tour à Scandula ! La randonnée est reposante puisque le bâteau travaille pour vous.. Au départ de Galeria, suivant la formule retenue, ce peut être une sortie de trois heures, sortie dont maintenant je peux dire, qu’il fallait être bien bête pour ne pas l’avoir réalisée plus tôt.

Mon parrain, plaisantin et grand voyageur, avait dit en revenant du Viet Nam « ..chi tanti baie d’Along, un vale Scandula.. ». Mes cousins, avec qui nous avons justement fait la promenade, connaissent aussi la baie d’Along et restant objectifs, nous ont expliqué qu’Along était grandiose mais qu’en effet les couleurs étaient bien plus belles chez nous. Mais qui pouvait en douter ?

C’est en 1975 que la réserve a été créée. J’ai le souvenir de débats assez animés sur ce thème. Toute création d’espace protégé soulève l’hostilité de ceux qui voient, ou pensent voir, leur liberté rognée. En fait, et le guide nous l’a bien expliqué, la ressource halieutique a été depuis multipliée par sept et les pêcheurs y ont trouvé leur compte puisque Scandola, est comme une pouponnière à partir de laquelle les poissons vont peupler des zones où la pêche est autorisée. J’ai le souvenir aussi de ma découverte du balbuzard. A l’époque, premiers pas de l’écologie militante, l’idée qu’une espèce puisse être menacée par le vol des œufs me paraissait surréaliste.

L’alpana, l’aigle pêcheur qui remontait parfois le Fangu quand la mer depuis trop longtemps démontée, lui interdisait de pêcher au large. Et puis, le souvenir du phoque moine, exterminé à coups de fusil pour cause de concurrence avec les pêcheurs. Je découvre que l’INFCOR donne « vechjumarinu » comme traduction alors que par chez moi, il me semble, on disait « vitellu marinu ». Et d’autres animaux qui peuplent la réserve sans parler de la flore terrestre et aquatique.

Tout ça, vous le découvrirez au travers des traditionnelles photos de Madame dont le blog est ici et puis des nombreux textes consacrés à Scandula.

D’autres que moi ont décrit mieux que je saurais le faire la splendeur et l’intérêt du lieu. Par contre, ce qui suit, c’est une histoire que vous ne trouverez nulle part. Une histoire étrange que racontait ma tante à la veillée.

A la mi-août 1918, un berger qui avait sa bergerie au-dessus de l’anse de Fuculara, avait été alerté plusieurs nuit durant par un curieux bruit provenant de la mer. Un souffle. U vechju dicia ch’ellu avia intesu « un cachalot ». Il disait qu’il avait entendu ce cétacé qu’on voyait (longtemps que je ne l’ai plus aperçu) au cours des traversées entre le continent et la Corse. Il disait aussi qu’il avait distingué son corps qui était énorme. Bien entendu, personne ne l’a cru. J’écris souffleur en français car j’ai oublié le nom que ma tante employait. Ca sonnait comme « scuscorzulu » et si quelqu’un peu m’aider à retrouver le mot exact, je lui en saurai gré. Bref, ce n’est qu’après avoir appris que le Balkan avait été torpillé au large de Calvi ( j’ai fait un billet à ce propos ici) que le berger a compris que son souffleur était le sous-marin qui faisait surface la nuit.

Etrange et triste cette histoire. Car ce sous-marin a fait de nombreuses victimes. Maintenant, il n’y a plus de bergers à Fuculara ou Elbu. Et puis, plus guère de veillées. Et ce n’est pas demain qu’on reverra des phoques moines si j’en crois le guide. 35 kilos de poissons par jour, ce sera difficile de trouver un terrain d’entente avec les pêcheurs. Chez nous comme ailleurs, l’harmonie reste un rêve.

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Candela..

Il y a bien des années, aller à Candela était une expédition. Une sortie qui se préparait longtemps à l’avance. Pique-nique, serviettes, rechange, sacs à dos. Une aventure pour les petits et les grands avec un guide, souvent le père, car il s’agissait de rejoindre un endroit mystérieux et lointain. Il y avait ceux qui y allaient et qui en revenaient…je rentre de Candela..et ceux qui écoutaient, un peu jaloux.

Il faut savoir que Candela est un village abandonné et rien que pour ça, il y avait comme une idée de mystère. Allez savoir ce qui se passait la nuit dans les ruines. Ma mère me disait avoir connu la dernière famille à y avoir habité. Elle n’avait que peu de souvenirs sur cette période. Aux lendemains de la guerre, disait-elle. Ils étaient partis, homme, femme et enfants pour ne plus revenir. Il lui semblait que ce n’était pas une famille originaire du Filosorma. Ils étaient partis comme ça, peu de bagages j’imagine, car ceux qui vivaient à Candela ne devait avoir, quant à moi, que le nécessaire et encore.. Selon Maman, la vie était devenue trop dure pour eux  et le hameau trop loin de la route autour de laquelle, des maisons plus confortables étaient désormais construites.

En fait , le village perdu n’est pas si loin que ça. Il est même très près de Bardiana et facile à trouver. Promenade idéale en été pour ensuite manger au bord de la rivière et profiter des jolis trous du côté du confluent.

carte

Le plus simple est de longer la rivière, coté gauche en traversant à San Quilicu pour trouver le chemin en face ou rester sur la rive droite en suivant la rivière. Les deux options se valent. La première longe le fleuve à travers pinède et maquis. La seconde suit également le fleuve à travers les anciens jardins emportés par la crue. La partie plane se nomme “ a furnace ” à savoir la fournaise. Donc, à éviter aux chaudes heures de l’été.

En passant rive gauche, vous arriverez par le haut sur le hameau abandonné. En empruntant la rive droite, il vous faudra traverser la rivière peu de temps après avoir rejoint la piste forestière qui arrive de Montestremu. Il suffit de guetter les ruines et de descendre à vue. Pas de difficulté particulière pour traverser le Fangu à cet endroit-là.

Ensuite, il faut un peu errer dans le maquis à la recherche des maisons effondrées. En fait, il s’agit plutôt de pagliaghji, de paillers améliorés. Encore que, certaines constructions étaient plus vastes que d’autres. Merci encore à mon épouse pour les photos (son blog est ici).

La situation du lieu est remarquable. De l’eau, une bonne orientation. Un endroit est touchant de mon point de vue. C’est à l’entrée d’une des habitations les mieux conservées. Il n’est pas difficile d’imaginer l’endroit où après une journée de fatigue, les hommes devaient s’asseoir pour regarder la vallée. De ce que j’ai pu voir, il ne faudra pas longtemps avant que le maquis l’emporte de façon définitive. C’est logique et implacable mais un peu triste.

A partir de Candela, après les dernières maisons du haut, vous retrouverez sans peine le sentier qui file rive gauche, vers la vallée de Bocca Bianca. Il faut le suivre en étant attentif, car sur la droite, après un quart d’heure environ, il y a un passage vers le trou “  di e force ”, le trou du confluent. Idéal pour le pique-nique et la baignade. Pour rentrer sur le village, à partir des force, il suffit de rester du côté “ plage ” et de suivre le chemin qui ramène en quelques enjambées vers la piste forestière. Pour ceux qui ne la connaissent pas, avant d’attaquer la montée du col, surveillez le départ de chemin vers la droite. C’est celui qui vous ramènera à Bardiana.

Voila, ce n’est pas la promenade mythique de l’enfance mais elle est loin d’être dépourvue de charme et quelques questions demeurent.. Qui étaient ces gens que ma mère a vu partir, que sont devenus leurs descendants ? C’est sans doute là, le vrai mystère de Candela.

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Bergeries de Saltare..

Deuxième sortie du mois de juin 2016. Après le col de Melza, histoire de dérouiller un peu les muscles, nous passons à une randonnée plus sérieuse. De 800 à 900 mètres de dénivelé suivant le point de départ choisi.

Le but de cette marche est la bergerie de Saltare, étonnant abri que les bergers ont façonné sous un bloc de rhyolite ignimbritique (Une ignimbrite est une roche formée de débris de lave acide issus d’une nuée ardente et soudés avant leur refroidissement, mélangés à une matrice vitreuse..merci qui ? Merci Wiki!),

Elle a été utilisée jusqu’à une période récente par des bergers du Mansu ou de Montestremu et est toujours fréquentée comme bivouac pour ceux qui montent vers le Mont Saltare ou la Ucella, au pied du col des Maures, point à partir duquel il est possible de faire la traversée vers l’Andatone (confer à ce propos Corse sauvage le blog est ici),

C’est un aller retour qui ne présente pas de difficultés majeures à condition d’être attentif sur certains points où il est possible de perdre le chemin, naguère bien entretenu,

carte

Une alternative au départ.. soit à partir de la piste qui démarre avant Montestremu,,,, soit en suivant le fleuve dès Bardiana, toujours sur la rive droite.

C’est cette dernière option que je conseille.

En partant de Montestremu, il faut franchir à l’aller et au retour le petit col ce qui rajoute une bonne centaine de mètres. L’avantage c’est qu’on ne peut se perdre puisqu’il s’agit de suivre presque jusqu’au bout la piste qui rejoint le captage de la Cavichja,

En partant de Bardiana, il faut passer en dessous du snack « a muvrella » et au retour y boire une bière (!), emprunter la passerelle et avant d’arriver au fleuve, tourner à droite pour trouver le chemin qui longe le Fangu (toujours rive droite!). Vous rejoindrez, au bout de ¾ d’heure environ la piste forestière du captage, évoquée plus avant,

A partir de là, les itinéraires sont identiques. Ils remontent la vallée de la Cavichja,

Il ne faut pas aller jusqu’au captage.. après un radier, surveillez la piste et avant un regard en béton, descendez vers la rivière que vous traversez à gué pour retrouver le chemin en face.

Si vous arrivez au captage..tant pis..traversez et montez tout droit (raide!) sur une cinquantaine de mètres pour retrouver le chemin qui suit une courbe de niveau jusqu’au traghjettu di u zoppu, le gué du boiteux. Traversez.. Vous étiez rive gauche, vous repassez rive droite.

La montée en lacets va jusqu’à un petit col à partir duquel vous avez une vue imprenable sur i cascitonni..le cirque de la solitude pour les non corsophones.

Redescendez vers le ruisseau et vigilance car le chemin n’est pas aisé à trouver. Il faut traverser le ruisseau et monter tout droit. Un passage un peu délicat va se présenter à vous car deux pins obstruent le chemin entre deux blocs de rocher. Continuez à monter à vue…un premier gros rocher, puis un second vont se découvrir dans la pinède. C’est la bergerie.

Dans le temps, sous un bloc, près de Saltare, il y avait une source et le tuyau pour amener l’eau courante au bivouac. Je ne garantis plus cet élément de grand luxe.

Bon, compter trois heures pour monter et deux heures pour descendre… au minimum. Trois heures trente à la montée est un pronostic plus raisonnable.

Retour par le même chemin et merci à Madame pour ses photos (son blog est ici).

PS : attention au temps ! Il tourne vite et il nous a fallu redescendre plus tôt que prévu sous la pluie alors qu’à Bardiana, c’était grand soleil.

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Bocca di Melza

Juin 2016…retour au village et quelques randonnées plus ou moins difficiles,  à partager. La première, c’est celle de bocca di Melza..

En 1992, la crue exceptionnelle du Fangu (article ici) a retenu l’attention, car ce sont les ponts et les routes  qui étaient touchés. Des dégâts bien visibles. Mais, dans d’autres endroits moins fréquentés, les modifications du paysage ont été tout autant spectaculaires, voire davantage.
Il en est ainsi de la montée vers le col de Melza, but de notre première randonnée de juin 2016, histoire de se mettre en jambes pour des sorties plus consistantes.

Avant la crue et les éboulements qu’elle a engendrés, il était tout à fait possible de monter en VTT jusqu’au col. Arrivés au plateau d’Erbaghju, la dernière portion du trajet était même très roulante. Les murs de soutènement étaient les témoins des travaux importants  réalisés pour créer cette liaison entre la vallée du Filosorma et la région de Serriera et à partir de là, le golfe de Portu. Grosso modo, vers le canton des Deux Sevi.

Citons l’excellent blog corse-sauvage.  C’est « ,,l’une des rares randonnées faciles du Filosorma, idéale pour prendre contact avec la région avant de se lancer dans des aventures plus corsées.. »

Le départ est simple. Après Tuarelli, il faut tourner à droite après le pont qui franchit le ruisseau de Perticatu et emprunter la piste forestière. Cette piste est praticable pour les voitures de tourisme et il est possible de remonter jusqu’à l’embranchement qui permet de rejoindre la maison forestière de Piriu. Là, on monte tout droit.
Un petit mot sur Piriu. L’ancienne maison forestière. Elle est maintenant dédiée à la recherche ornithologique. Les chercheurs étudient les populations de mésanges bleues méditerranéennes. Au départ du chemin, les nichoirs sont fréquents. Il faudra que je pense à faire un article sur cette affaire, l’adaptation des mésanges qui ne se reproduisent que lorsqu’il y a assez de chenilles, et de façon plus large sur les animaux du Filosorma.

En montant, il est impossible de se tromper. Le chemin est tracé. Les éboulements ont emporté la piste mais rien d’insurmontable pour un marcheur.

Une seule difficulté, juste avant le col après être passé par Erbaghju (bien envahi par le maquis soit dit en passant). La piste est effondrée et il faut contourner par le haut.

A l’arrivée, très belle vue sur Piana et Capu Rossu. Endroit idéal pour le pique-nique et le retour par le même chemin.

Merci à a bellula sgualtra, mon épouse, dont le blog est ici.

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Au long de rivière Fango

A l’été 1975, un peu avant d’arriver à Tuarelli, on pouvait apercevoir de la route un curieux assemblage en bois, placé tout près de la rivière .

Il a tenu jusqu’à la première crue de l’été et nous a intrigués pendant quelques semaines. A défaut de pouvoir identifier l’objet avec précision, nous en avons conclu que c’était encore l’invention de quelque touriste. Et nous sommes passés à autre chose..

L’explication est venue l’hiver suivant. Mon ami d’enfance venait d’intégrer une école à Aix et avait vu qu’à l’affiche d’un cinéma d’art et d’essai, un film était proposé avec comme titre « Au long de rivière Fango ». Il s’y est précipité en rameutant quelques collègues, histoire de leur faire découvrir sa région. Question découverte, ils ont été un brin déçus. En revanche, il a enfin pu savoir ce qu’était cette construction étrange. Un métier à tisser construit pour les besoins du film et laissé là après le départ de l’équipe. Et quelle équipe !

Voilà ceux qui ont fréquenté Tuarelli à cette époque. Romain Bouteille, Patrick Dewaere , Rufus, Élisabeth Wiener ou encore Emmanuelle Riva…et Miou Miou non créditée au générique mais qui accompagnait son compagnon.
1975.. Tuarelli..l’équipe du Café de la Gare. Cocktail détonnant si on veut bien se rappeler qu’elle était la philosophie de l’équipe de Romain Bouteille. Chantier collectif dont le mode de vie revendiqué était  « le copinage en concubinage ».
A Tuarelli, à l’époque, il y avait une auberge tenue par une dame très gentille qui se prénommait Angèle. Je la revois fort  bien car avec ma mère, nous ne manquions pas de nous arrêter pour la saluer, chaque fois que nous passions devant chez elle. Avec le recul, j’avoue que la confrontation entre ces jeunes libertaires et cette dame issue d’une génération tout de même très traditionnelle a dû être étonnante.

J’ai eu du mal à retrouver quelques photos (et de médiocre qualité!) tant le film est confidentiel mais au vu de celles que je vous propose, ça a dû décoiffer dans le hameau.

Mais et c’est un pied de nez à ceux qui voient les corses comme rétrogrades, l’affaire s’est bien passée. Elle s’est tellement bien passée que Patrick Dewaere et Miou Miou ont prénommé leur fille Angèle en hommage à celle qui les avaient si bien accueillis.

L’histoire, si j’en crois ce que j’ai pu lire sur le net, est assez fumeuse. « …Sur un territoire lointain, refusant le modèle consumériste et capitaliste, plusieurs dizaines de personnes s’établissent en communauté, en plein milieu naturel. En marge de la société de consommation, ce groupe est confronté à la réalité de leur utopie. Jérémie et Bild sont les derniers à le rejoindre. Bild, le jeune et bel étranger, est parti en quête d’y retrouver sa mère, Mathilde, qui a fondé ce lieu. Mais Bild, découvrant que le véritable fils de Mathilde est en fait Jérémie, ne supporte plus de vivre. Au moment où il va faire l’amour avec celle qui est désormais sa sœur légitime, Jérémie, horrifié par l’inceste qu’il allait commettre, quitte définitivement la communauté… »

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Pas certain que cette tragédie à la sauce grecque ait enthousiasmé les foules. Il semble qu’on peut encore trouver quelques rares copies VHS mais de piètre qualité..donc, je ne me lancerai pas dans cette chasse au trésor.

Finalement, pour une région aussi belle, il y a peu de références cinématographiques. J’en connais deux. La première c’est La Loi du survivant, un film français réalisé par José Giovanni, sorti en 1967 avec Michel Constantin. On y voit en tout et pour tout le moulin du Fangu parce que le héros s’arrête au carrefour. Rien que pour cette scène de quelques secondes, la famille se réunissait devant l’écran à chaque diffusion et commentait avec joie ce plan fugace. Je pense aussi que le château mystérieux doit être le fortin de Girulata.

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La seconde, ce n’est même pas du cinéma. Un téléfilm. Anna en Corse avec Romane Bohringer et Micheline Presle qui s’échine à parler avec l’accent corse. Piteux. Une journée entière à tourner une séquence où un autocar est arrêté par un troupeau de chèvres qui traverse la route. E capre un vulianu micca passà ! C’était du coté du pont de Montestremu et je me souviens surtout d’une belle pagaille.

Bref.. peu de films marquants. Aucun en fait et pourtant… comme le dit ma femme, le Tafunatu c’est un peu l’oeil de Sauron. Le seigneur des anneaux en Filosorma, voilà qui aurait eu de la gueule.

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I pesci di i Scuglietti

Internet, quantunque, è qualcosa ! Era in tracce di circà una surtita vers’a Scandula, chi m’aghju trovu una carta di a costa vicinu di Galeria. A pocu pressu a un’ora, fallandu in direzzione di Portu, ci è u gruppu d’isulotti. Piuttostu qualchi scoglii, dunque ben numinati i scuglietti.

Questu nome, a fattu rivene, comu a spessu, assai ricordi e l’idea d’un articulu chi trattaria di u vucabulariu di a pesca e di i nomi di i pesci marini in Corsica.

U cumpagnu di mamma era di ceppu pedineru e avia passatu a so zitellenza in Oran,incu i pescatori,

Avia per u mare una passione di quelle ! Dopu qualche istatine da piscà da u bordu, s’era compru un batellu . Un picculu batellu di a pocu pressu cinque metri e in questu batellucciu, ci n’andavamu sbonorati vicinu a i Scuglietti.

L’affaru era impurtante e si priparava omu assai dinanzu. Ci vulia da cumprà u brumeghju incu u doppiu pinseru, prezzu e efficacità. Un si parlava di cumprà a un prezzu scemu scatule d’esche in Calvi. I gambaretti cungelati, primu prezzu, dopu qualchi provi, eranu stati a soluzione. Mi paria, quante a mè, postu chi si trattava di manghja roba di mare, chi sciacassi i gambaretti era piu sicuru chi di metteli indè l’acqua, sperandu piglià pesci. Era puru scrianzatu !

Ci vulia dino mantene u mutore. Senza permessu, era un 9,9 cavalli chi strazia assai per purtassi batellu e marinari di Galeria sin’a i scoglii.Era smuntatu ogni ghjornu, pulitu e dissalatu in un bidone tamantu pienu d’acqua dolce. Viaghjava mentre un’ora, tutti i ghjorni incu u rimore chi vo pudete imaginà. In piu di esse pescatore, era meccanicu! Duie passione..una cuntemplativa e l’altra assai rimurosa.. un speziu di Yin e di Yang ! Mamma un era stata tantu a fallu piantà incu queste sinfunie meccaniche o in tutti casi , ne avia limitatu a frequenza a cio chi era da veru necessariu.. i vicini eranu puru cuntenti chi senza di nulla ne avianu quantunque una techja. Malgradu tutte queste precauzione, m’è accadutu certe volte di rientre a remi chi stu mutoracciu avia dicisu di mettesi in greva !

A scelta di i scuglietti un s’era micca fattu per azardu. Una carta marittima era stata cunsultata e u locu, ghjudicatu prupiziu. Era veru ! Signore, paghjelli, perchette, turentule…a panuplia di i pesci detti « de roche » era presente. E certe volte, belli pezzi ! Tirava u bullintinu… vi aghju messu un diaporama per vede i pesci chi compunianu a nostra sporta incu i so nomi corsi.

U peghju per mè, era u mal di mare. Mareghju, odore di l’essenza, agguardà sempre inghjo. Umbeh, u pagava bellu caru u pesciu chi cullava. Un solu rimediu. Capiciottu e duie o tre giri indè l’acqua. Averaghju nutatu a spessu in stu locu e certi ghjorni, parechje volte indè a maitinata.

Dopu, ci vulia viutà u pesciu. Un tuccava micca a mè. Eppo manghjalu. Per quessa, eiu era forte ! A sera, torna, ci ne fallavamu in Galeria, piscà ochjate incu ligne « morte », aduprandu una pasta chi puzzava fatta ch’ella era incu casgiu merzu. Di ott’ore a mezzanotte. Chilos (iè, da veru) di pesciu, barcullati da u mare e per a musica chi venia di u night club.

Quand’omu a dicesette o diceottu anni, trove u so locu, un è faciule. Mi dispiacia d’un esse incu i ghjovanotti di a Stella Marina, incu e zitelle, e tutti st’affari… Ava, quandu ci pensu, mi pare chi era bè in questu batellu. Night club e zitelle..allora un sera megliu di sorte duie belli pesci a u chjar’ di luna, incu tutte e muntagne a cantu e u profume di a machja ?

Un credu micca !

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