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Terramotu…

Un texte en français et sa transcription sonore en langue corse..

Amical bonjour à toutes et à tous ! J’espère que l’été s’est bien passé pour tout le monde. Quelques jours de randonnée en Écosse, puis deux jours de pêche au village (j’en reparlerai) et du travail en retard. Mais, me revoilà pour vous parler d’un événement bien ancien dont je me souviens comme si c’était hier. Un phénomène naturel où comme souvent en Corse, comme ailleurs j’imagine, les croyances populaires trouvent leur place.

En 1963, le 19 juillet, à 7 heures 46, un tremblement de terre de magnitude 6 a eu lieu au large de San Remo, non loin de la Corse par conséquent. C’était le plus important séisme de la région au vingtième siècle. (voir ici)

J’étais au village en train de dormir dans un de ces lits pliants qu’ont connu tous ceux dont la maison était trop petite pour accueillir la famille en été. La salle à manger ou le salon devenaient une chambre. Bref. Ma mère m’a réveillé en vitesse et m’a pris dans ses bras pour sortir de la maison et monter sur la route où nous nous sommes assis sur la muraillette. J’étais désorienté et presque malade d’avoir été ainsi cueilli dans le sommeil.

Ce que j’ai vu, m’a vite ramené à la réalité. Tout bougeait. Sur l’éboulis près de l’ancien poulailler de ma tante, de grosses pierres se détachaient et roulaient dans le ruisseau. Sur la route, il y avait un âne avec son bât chargé de bouteilles vides. La route dansait et l’âne avec lui. J’ai encore dans l’oreille, le bruit des bouteilles qui sonnaient comme des clochettes. Au bout d’un moment, tout s’est calmé et nous sommes rentrés à la maison. Maman m’a dit que c’était un tremblement de terre.. un terramotu.. la terre qui fait un mouvement. Un mot corse que je n’ai jamais plus oublié.

Pas de victimes et peu de dégâts. Et un souvenir amusant. Quelques jours après, un cousin venu d’un autre village, nous a raconté que le matin du terramotu, sa mère, au lieu de sortir, était en train d’ouvrir toutes les fenêtres et portes de sa maison en demandant aux esprits de sortir. Âme sainte, âme sainte laisse nous en paix.. Elle croyant que les fantômes étaient chez elle et faisait ce que la tradition lui commandait de faire. Son fils lui avait expliqué qu’il valait mieux laisser les fantômes dedans et sortir si elle ne voulait pas que le toit lui tombe sur la tête. Quand on ne comprend pas les choses naturelles, l’idée du surnaturel s’impose. C’est sans doute comme ça que sont nées les religions.

Une pensée pour finir pour nos cousins italiens. Une fois de plus, ils ont été frappés. Et là, il n’y a aucune place pour un sourire.

PS.. le blog que vous parcourez, fait partie d’un site dédié à l’apprentissage de la langue corse. Si vous voulez le découvrir, cliquez sur l’image ci-dessous…