
Qu’il était long le voyage pour rejoindre le village ! Le bateau puis la « poste », qui faisait le grand tour par la côte en s’arrêtant partout pour laisser commissions et passagers.
Sur la route, pour me faire passer le temps, ma Mère me racontait des histoires sur les lieux . La parenté, des anecdotes. Peu après le départ de Calvi, elle me montrait de loin, un endroit où se trouvait la grotte des « veaux marins ». Quand on est un enfant, je devais avoir six ou sept ans à l’époque, l’idée que des vaches et leurs veaux vivent dans une grotte près de la mer me paraissait étrange. Mais bon, pourquoi pas.
Plus tard, j’ai fini par lui demander ce qu’étaient ces fameux veaux marins. Elle m’a répondu que c’étaient des phoques. Quoi ? Des phoques en Corse. C’était très exotique. Pour moi, le phoque c’était le pôle. Maman m’a aussi dit qu’il y en avait de moins en moins car les pêcheurs les tuaient. Et oui, ils étaient concurrents !
En repensant à cette histoire, je me suis intéressé à la question de la présence du phoque en Corse.
Il y a beaucoup d’informations. Et, hélas, c’est une histoire triste.
Nous parlons ici du phoque moine méditerranéen. Une espèce en grand danger de disparition. Le courrier du Parc de la Corse de 1979 qui parle des espèces disparues dans l’île, évoque le phoque. On le trouvait dans quatre régions, le Cap, la côte entre Calvi et le Capo Rosso, la région de Tizzzano, Bonifacio et les îles Lavezzi. Ces régions présentent des grottes sous-marines dans lesquelles les animaux se reposent et mettent bas. Dans les années cinquante, ils étaient plutôt nombreux. Puis ils ont peu à peu disparu. La cause ? La chasse faite, en effet par les pêcheurs qui n’appréciaient pas de voir leurs filets troués. On cite, et ça laisse pantois, un groupe de phoques tués à la grenade en 1968, dans une grotte de Gargalo.
Les dernières fois où ils ont été signalés, c’est dans les années 70. Hélas, c’est parce qu’ils ont été tués au fusil, un au Capo Rosso et l’autre à Scandola. En 1973, des petits groupes sont signalés par des pêcheurs au large de Calvi. Et depuis plus rien.
La grotte des veaux marins existe bien (voir le site de Stephan le Gallais à qui j’emprunte les photos). Et la cartographie du Parc atteste cette présence passée.

Il reste moins de 500 individus en Turquie, Grèce et Chypre. C’est donc une espèce en danger d’extinction.
Le problème c’est que, et le courrier du Parc le souligne, pêcheurs ou pas, le phoque aurait disparu. La sur fréquentation touristique aurait dérangé les animaux sur leur site de reproduction.
Pour l’avoir constaté à l’occasion de mes nombreux voyages, l’observation des animaux sauvages est un atout touristique. Encore faut-il que les conditions de calme soient réunies.
Et quand on voit l’exemple de Scandola et du balbuzard, évoqué ici même, il n’y a guère de raisons d’être optimiste. Ce n’est pas demain qu’on reverra des phoques dans leur grotte près de Calvi.
PS.. le blog que vous parcourez, fait partie d’un site dédié à l’apprentissage de la langue corse. Si vous voulez le découvrir, cliquez sur l’image ci-dessous…