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Impristaticci

Torna quist’annu, a fine di marzu sera stata cattiva ! Vuleriamu lascià l’inguernu daret’a noi, ma ellu s’azzinga quante una zecca a un cane. L’affaru un a nulla a chi vede incu a « meteo ».
Inno, a verita si a vulete circà si trova in Filosorma (comu a spessu diceraghju !). Ma micca indè u Filosorma d’ava incu i so tre paesoli. Inno, in Filosorma di nanzu, parechji anni fa… Forse, ci eranu case e mulini vicinu a u fiume ind’u Mansu o Montestremu. Ma, cio chi cambia si omu paragona a i tempi d’oghje, è chi, a muntagna era populata.
A sapete chi a u locu dettu « e force » s’aprenu duie valle. A diritta, a Cavichja e a manca, Bocca Bianca. Tandu, u Filosorma e quessa a sapete dino, era a terra di i pastore niulinchi chi impiaghjavanu incu e so capre o e so pecure.
In Niolu, facia troppu fretu e un ci era micca abbastanza da manghjà per l’omi e l’animali. A chi stava in Marsulinu o versu Galeria e altri chi avianu u so rughjone in Bocca Bianca. Per quelli chi collanu quassu (fate casu ô zittè a i pruni bianchi !), si vede sempre e ruvine di e mandrie.
Ma un vogliu micca di chi a vita era faciule in Filosorma per sti mesi invernale. Facia dino u fretu e quandu ci era tempurale, suffrianu capraghji e pecuraghji.
Dunque, tempi d’una volta.. ci era un pastore chi era puru cuntentu chi l’invernu s’era passatu a pocu pressu bè. Neve di sicuru, acqua cume a u solitu ma un n’avia persu nulla mancu una capra e nostr’omu vidia Marzu finisce e Aprile chi s’affacava. E incu Aprile, fini guai e pinseri !
In vece di sta zittu, cuntentu ma zittu, u pastore e surtitu per prufittà di i primi ragii di sole veranincu, e quante s’ellu era imbriagu, a cuminciatu da fà u scemu, pigliandu in burla, u mese di Marzu !
U pasturellu dicia capatoghji cusi « Ô Marzu se leccu, ava u cattivu tempu è finitu…aghju da sorte u pecuraghju..u podi piu fà nulla chi un ti resta piu chi un ghjornu ..Marzu catarzu , figliolu di Tagnone, si vale più u mio agnellu cà di tè u to muntone. »..In fattu fine ghjastemava u mese di Marzu chi, ellu, u sentia e un n’era cuntentu! Marzu è frighjulosu, ognunu a sa.. Allora Marzu a dumandatu a Aprile u so fratellu di veranu qualcosa.. » aprile, gentile aprile.. imprestami duie o tre di, incu unu chi aghju, faraghju pente u falsu pecuraghju.. » (di mente chi ci è un pezzu chi un l’aghju entesa questa poesia)

Aprile è statu d’accunsentu e a impresttatu i so primi ghjorni a u so cumpare. E allora, Marzu a fattu vene u tempurale, ventu, acqua, tonu e zaette!! U tintu pastore a pruvatu di parà e so pecure ma un a pussutu fà nulla! A fiumara s’a pigliatu pecure e muntone e un li è firmatu nulla. E statu ruvinatu per avè macagnatu u sgio Marzu! Dapoi questu tempu, quandu i primi ghjorni d’Aprile so cattivi, omu si parla d’impristaticci per sti lochi maravigliosi di u valle di Filosorma! E altro ! !

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Macrostigma

Ce n’est certes pas la saison. Mais et sans doute parce que pour diverses raisons, je n’ai pu aller en Filosorma ce printemps pour taquiner la truite, j’ai eu envie de vous parler de pêche. Un argument pour évoquer en fait la jeunesse, les amis et la nature. Un peu la macrostigma aussi car c’est elle la vedette.
Il était une fois.. il y a une belle paire de décennies en tous cas, un tout jeune gamin qui passait ses vacances dans une maison du bas du village. Case suttane donc. Un jour, à l’occasion d’une visite dans une maison du haut du village, case suprane, il a rencontré un autre garçon, un peu plus âgé qui est devenu et resté son ami. Comme ils étaient vraiment jeunes, leur terrain de jeu était tout d’abord circonscrit au jardin. Puis, en vieillissant, ils se sont emparés des ruisseaux avant de déboucher sur les rivières.. celle de Montestremu d’abord, calme sous les arbres puis le Fangu, plus agité et bien plus profond.

Une année, le plus âgé des deux a commencé à pêcher. Et il a emmené le plus jeune avec lui. Le terrain de jeu était plus vaste et les expéditions tout à fait sportives. Bocca Bianca, Cavichja au-dessus et au dessous du gué, Scalella et l’Onca entre autres. Qu’on ne s’y trompe pas ! Aller pêcher à l’Onca signifiait un départ la veille en fin d’après-midi pour passer Caprunale et rejoindre Puscaghja et y passer la nuit pour être dans les ruisseaux dès le lever du soleil. Et retour au village après une journée d’une dizaine d’heures où après avoir sauté de rocher en rocher, il fallait se refaire l’interminable route jusqu’à Bardiana. Quant à la partie basse de la Cavichja, c’était une nuit dans une espèce de grotte au-dessus di u traghjettu, di u zoppu, le gué du boiteux, avant d’attaquer la descente le lendemain matin. Et quelle descente ! ! Torrent escarpé, passage dans le maquis avec embrouillamini de fil garanti, saut dans les pozzi glacés parce que parfois ce n’était pas possible autrement . Et tout ça, en tous cas pour ce qui me concerne, conclu par de retentissantes bredouilles. Ce tronçon de rivière ne m’a jamais aimé.
Et attention, le duvet et le camping-gaz étaient des concepts à l’époque. La nuit se passait dans une couverture roulée et les repas étaient à base de pain, de saucisson et d’une espèce de noix de jambon dont je revois encore la boite plus ou moins ovale, dégoulinante de gelée. Mon Dieu, que c’était bon !
Et puis, il y avait le moment magique. Accord entre les deux pêcheurs pour ne pas commencer à lancer avant que l’autre soit prêt. Et puis, la rivière en toute fin de nuit, encore grise. Et nous, sur un rocher. La première touche, le premier poisson.
Une chose est sure et certaine. Nous avons toujours été conscients à ces moments précis de vivre des petits joyaux de vie éphémères. Une harmonie.
Alors, des truites, nous en avons pris. Parfois beaucoup et quelques unes fort belles. Et nous continuons à pêcher même si nous avons un peu forci.

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Mais le plaisir est le même. La rivière a changé par contre, moins d’eau, des chemins fermés. L’ami à qui je dédie ce billet prenait le double de truites et moi, j’attrapais souvent la plus belle. Il y a une justice dans ces ruisseaux.

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Ah, j’allais oublier de vous dire deux mots sur la macrostigma. Le plus simple est d’en appeler à Wikipedia.
« .. La truite corse, communément appelée macrostigma d’après Salmo trutta macrostigma se rencontre en Corse où elle peuple les cours d’eau de l’île depuis plus de 150 000 ans. Pour qualifier la truite sauvage Corse, elle fut d’abord appelée « Duméril » (1858), puis Spillman (1961) et enfin « Macrostigma ». Ce sont les récentes séries d’analyses génétiques réalisées en Corse qui ont clairement identifié la truite endémique Corse aux autres souches identifiées (Atlantique et méditerranéenne). Au cours de ces études il a été constaté que la robe phénotype de la macrostigma varie fortement en fonction des bassins versants où elle se trouve, sans doute à cause d’un isolement géographique des populations dans les bassins fermés, développant ainsi chacune une robe différente en fonction de son environnement. C’est pourquoi seule l’analyse génétique permet de les identifier avec certitude des autres espèces de truites introduites dans l’île… »
Belle et identitaire. Et menacée aussi. Car, s’il m’arrive encore de prendre quelques truites, ce sont des arc-en-ciel ou des farios communes. De la macrostigma, plus du tout. Pour son plus grand malheur, la belle s’est réfugiée très en amont du Fangu, où certes elle échappe aux filets mais pas aux effets de la sécheresse que nous constatons année après année.

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C’est ici que l’on voit que comme souvent nos petites histoires rejoignent la grande.

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Bardiana ou Barghjana…intricciata ou pas?

Un petit billet qui présentera l’intérêt, du moins à mes yeux, d’avoir un coté transverse. Ah, pardon, je ne suis pas au bureau. Par transverse, je souhaitais juste signaler qu’il touche aux trois sujets dont traite mon blog. La langue corse, la région du Filosorma et son histoire.
L’idée de départ c’est d’en finir avec cette manie d’écrire le nom de mon village avec une triphtongue.. Barghjana. Alors, une fois pour toutes, c’est Bardiana et je le prouve. Enfin, j’essaie.
L’histoire tout d’abord. Je crois avoir déjà écrit, que ce village a été fondé par notre aïeul. Mais je ne suis pas certain d’avoir donné tous les détails de l’affaire. Et si je l’ai fait sans m’en souvenir, tant pis. Ca donnera raison à ceux qui pensent que je radote autant à l’oral qu’à l’écrit.
Or donc, il y a bien longtemps, dans la seconde moitié du 19ème siècle, ledit aïeul était berger et occupait à cette fin, une grotte dans la vallée de Bocca Bianca.

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Un soir, il a vu arriver deux bandits. Des malandrins, des coupe-jarret, des voyous de la plus belle eau qui voulaient gîte et couvert. Il a accepté bien entendu. L’histoire retient volontiers les bandits d’honneur (concept sur lequel il y aurait beaucoup à dire) mais le maquis était surtout peuplé de canailles dont il n’y avait rien de bon à attendre. Pour faire bref, nous allons dire que les malfaiteurs avaient l’intention de tuer le grand-père dès qu’il dormirait mais que celui-ci avait compris leurs intentions. Il a attendu qu’ils s’endorment et les a occis tous les deux sans autre forme de procès. Les gredins étaient recherchés. Et en guise de récompense, l’aïeul s’est vu accorder une charge de garde des Eaux et Forêts. Après, un bref séjour dans la vallée d’Ascu, il est revenu s’établir dans le Filosorma où il a construit la première maison du lieu..la maison du garde..a casa bardiana. D’où le nom du village !
Parce que voyez-vous, et vous pourrez le vérifier dans l’excellent dictionnaire corse-français de Mathieu Ceccaldi qui fait référence dans nos pieve, garder se dit et s’écrit « bardà » et le garde « u bardia »..prononcer « ou wardia ».  En aucun cas, cette triphtongue « ghj » mise là pour rendre la prononciation.
A la rigueur, on aurait pu retenir « guardianu » ou « vardianu » comme le propose le nom moins excellent site de l’ADECEC mais ça ne restitue pas le « b » que nous entendons de façon distincte lorsque les niolains et Filosorminchi, parlent du hameau.
Tout ça pour dire, que la langue corse qui était de tradition orale a commencé à être codifiée relativement tard. Au 19ème siècle sans doute. L’idée était retrouver à l’écrit, les tournures parlées avec ces fameuses  trinaires ou intricciate (lettres intriquées ou composées ou emmêlées). Or, si leur utilité est évidente dans certains cas en début de mot notamment (comment écrire « chjamà » pour rendre le « tjia » ?) elle peut rendre inutilement complexe l’écriture de mots comme le « bardiana » dont nous parlons aujourd’hui.
Bref et pour conclure, il semblerait que cette affaire de triphtongues a pu déclencher en son temps, des débats animés. Je m’en voudrais de souffler sur des braises sans doute mal éteintes. Alors, en définitive, fatela cum’ella vi pare… faites comme vous voulez.

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Merci à la belette agile pour ses photos

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