Il faut être honnête et reconnaître que l’église de Saint Pancrace n’a rien d’extraordinaire. Nous sommes loin des édifices religieux tels que l’église de San Tumasgiu de Pastoreccia à Castellu di Rustinu ou encore la très renommée Eglise San Michele à Muratu, vantée par Prosper Mérimée.
Elle n’a rien d’extraordinaire par son architecture, ni même par son intérieur où on retrouve la statuaire habituelle sans aucun intérêt artistique.
Mais, c’est l’église de Bardiana ! La mienne. Et, ce qu’elle a et que les autres n’ont pas, c’est le cadre.
Modeste comme écrasée par la montagne si proche avec la forêt qui semble l’engloutir ou la protéger.
C’est mon église et bien qu’indifférent aux choses qui touchent à la religion, je ne peux que ressentir une émotion bien particulière et une forme de spiritualité lorsque je m’en approche puisque, non loin d’elle, reposent celles et ceux que j’ai aimés.
Elle est récente puisque construite au début du XXème siècle par les habitants des hameaux de Bardiana et Montestremu. Si j’en crois les sources, le clocher fut construit bien plus tard, en 1957, par un maçon italien Anghjulu Begani, aidé par deux jeunes hommes du village, Mathieu Costa et François Santucci. La maisonnette située à côté de l’église servait autrefois à la fabrication des cierges. Cette utilisation est attestée par quelques vieilles photographies où on peut voir des habitants de la région reproduire cette activité.
Lors de la transhumance, les bergers venaient pour y faire bénir leurs troupeaux. Elle se situe en effet à l’entrée de la route forestière d’où démarrait la longue route vers le Niolu. A muntagnera.
Saint Pancrace qui serait mort en martyr par décapitation en 304 à l’âge de 14 ans fait partie des saints de glace et son nom signifie en grec ancien « le tout puissant ». Il est traditionnellement représenté sous des traits juvéniles et en habit de légionnaire, une épée dans une main et la branche de palme dans l’autre.
Il est reconnu comme patron des bergers et des bandits et dit-on, en son honneur, les bandits ne commettaient jamais aucun forfait le jour de son pèlerinage.
Autrefois, la statue du Saint était portée jusqu’à l’entrée du village de Bardiana, puis sur la route de la transhumance. C’était l’occasion d’une foire au cours de laquelle les commerçants de Balagne et de Calenzana notamment, ainsi que les bergers de la vallée venaient exposer et vendre leurs produits. Cette foire a repris mais je n’y ai jamais assisté car en Mai, je suis loin du village. Ma Mère, elle, ne voulait pas manquer cette fête et le début du mois de mai marquait le retour en Filosorma. C’était son église et d’où elle est maintenant, elle la voit et elle regarde la vallée. Paisible.
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