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Candela..

Il y a bien des années, aller à Candela était une expédition. Une sortie qui se préparait longtemps à l’avance. Pique-nique, serviettes, rechange, sacs à dos. Une aventure pour les petits et les grands avec un guide, souvent le père, car il s’agissait de rejoindre un endroit mystérieux et lointain. Il y avait ceux qui y allaient et qui en revenaient…je rentre de Candela..et ceux qui écoutaient, un peu jaloux.

Il faut savoir que Candela est un village abandonné et rien que pour ça, il y avait comme une idée de mystère. Allez savoir ce qui se passait la nuit dans les ruines. Ma mère me disait avoir connu la dernière famille à y avoir habité. Elle n’avait que peu de souvenirs sur cette période. Aux lendemains de la guerre, disait-elle. Ils étaient partis, homme, femme et enfants pour ne plus revenir. Il lui semblait que ce n’était pas une famille originaire du Filosorma. Ils étaient partis comme ça, peu de bagages j’imagine, car ceux qui vivaient à Candela ne devait avoir, quant à moi, que le nécessaire et encore.. Selon Maman, la vie était devenue trop dure pour eux  et le hameau trop loin de la route autour de laquelle, des maisons plus confortables étaient désormais construites.

En fait , le village perdu n’est pas si loin que ça. Il est même très près de Bardiana et facile à trouver. Promenade idéale en été pour ensuite manger au bord de la rivière et profiter des jolis trous du côté du confluent.

carte

Le plus simple est de longer la rivière, coté gauche en traversant à San Quilicu pour trouver le chemin en face ou rester sur la rive droite en suivant la rivière. Les deux options se valent. La première longe le fleuve à travers pinède et maquis. La seconde suit également le fleuve à travers les anciens jardins emportés par la crue. La partie plane se nomme “ a furnace ” à savoir la fournaise. Donc, à éviter aux chaudes heures de l’été.

En passant rive gauche, vous arriverez par le haut sur le hameau abandonné. En empruntant la rive droite, il vous faudra traverser la rivière peu de temps après avoir rejoint la piste forestière qui arrive de Montestremu. Il suffit de guetter les ruines et de descendre à vue. Pas de difficulté particulière pour traverser le Fangu à cet endroit-là.

Ensuite, il faut un peu errer dans le maquis à la recherche des maisons effondrées. En fait, il s’agit plutôt de pagliaghji, de paillers améliorés. Encore que, certaines constructions étaient plus vastes que d’autres. Merci encore à mon épouse pour les photos (son blog est ici).

La situation du lieu est remarquable. De l’eau, une bonne orientation. Un endroit est touchant de mon point de vue. C’est à l’entrée d’une des habitations les mieux conservées. Il n’est pas difficile d’imaginer l’endroit où après une journée de fatigue, les hommes devaient s’asseoir pour regarder la vallée. De ce que j’ai pu voir, il ne faudra pas longtemps avant que le maquis l’emporte de façon définitive. C’est logique et implacable mais un peu triste.

A partir de Candela, après les dernières maisons du haut, vous retrouverez sans peine le sentier qui file rive gauche, vers la vallée de Bocca Bianca. Il faut le suivre en étant attentif, car sur la droite, après un quart d’heure environ, il y a un passage vers le trou “  di e force ”, le trou du confluent. Idéal pour le pique-nique et la baignade. Pour rentrer sur le village, à partir des force, il suffit de rester du côté “ plage ” et de suivre le chemin qui ramène en quelques enjambées vers la piste forestière. Pour ceux qui ne la connaissent pas, avant d’attaquer la montée du col, surveillez le départ de chemin vers la droite. C’est celui qui vous ramènera à Bardiana.

Voila, ce n’est pas la promenade mythique de l’enfance mais elle est loin d’être dépourvue de charme et quelques questions demeurent.. Qui étaient ces gens que ma mère a vu partir, que sont devenus leurs descendants ? C’est sans doute là, le vrai mystère de Candela.

PS.. le blog que vous parcourez, fait partie d’un site dédié à l’apprentissage de la langue corse. Si vous voulez le découvrir, cliquez sur l’image ci-dessous…

Bergeries de Saltare..

Deuxième sortie du mois de juin 2016. Après le col de Melza, histoire de dérouiller un peu les muscles, nous passons à une randonnée plus sérieuse. De 800 à 900 mètres de dénivelé suivant le point de départ choisi.

Le but de cette marche est la bergerie de Saltare, étonnant abri que les bergers ont façonné sous un bloc de rhyolite ignimbritique (Une ignimbrite est une roche formée de débris de lave acide issus d’une nuée ardente et soudés avant leur refroidissement, mélangés à une matrice vitreuse..merci qui ? Merci Wiki!),

Elle a été utilisée jusqu’à une période récente par des bergers du Mansu ou de Montestremu et est toujours fréquentée comme bivouac pour ceux qui montent vers le Mont Saltare ou la Ucella, au pied du col des Maures, point à partir duquel il est possible de faire la traversée vers l’Andatone (confer à ce propos Corse sauvage le blog est ici),

C’est un aller retour qui ne présente pas de difficultés majeures à condition d’être attentif sur certains points où il est possible de perdre le chemin, naguère bien entretenu,

carte

Une alternative au départ.. soit à partir de la piste qui démarre avant Montestremu,,,, soit en suivant le fleuve dès Bardiana, toujours sur la rive droite.

C’est cette dernière option que je conseille.

En partant de Montestremu, il faut franchir à l’aller et au retour le petit col ce qui rajoute une bonne centaine de mètres. L’avantage c’est qu’on ne peut se perdre puisqu’il s’agit de suivre presque jusqu’au bout la piste qui rejoint le captage de la Cavichja,

En partant de Bardiana, il faut passer en dessous du snack « a muvrella » et au retour y boire une bière (!), emprunter la passerelle et avant d’arriver au fleuve, tourner à droite pour trouver le chemin qui longe le Fangu (toujours rive droite!). Vous rejoindrez, au bout de ¾ d’heure environ la piste forestière du captage, évoquée plus avant,

A partir de là, les itinéraires sont identiques. Ils remontent la vallée de la Cavichja,

Il ne faut pas aller jusqu’au captage.. après un radier, surveillez la piste et avant un regard en béton, descendez vers la rivière que vous traversez à gué pour retrouver le chemin en face.

Si vous arrivez au captage..tant pis..traversez et montez tout droit (raide!) sur une cinquantaine de mètres pour retrouver le chemin qui suit une courbe de niveau jusqu’au traghjettu di u zoppu, le gué du boiteux. Traversez.. Vous étiez rive gauche, vous repassez rive droite.

La montée en lacets va jusqu’à un petit col à partir duquel vous avez une vue imprenable sur i cascitonni..le cirque de la solitude pour les non corsophones.

Redescendez vers le ruisseau et vigilance car le chemin n’est pas aisé à trouver. Il faut traverser le ruisseau et monter tout droit. Un passage un peu délicat va se présenter à vous car deux pins obstruent le chemin entre deux blocs de rocher. Continuez à monter à vue…un premier gros rocher, puis un second vont se découvrir dans la pinède. C’est la bergerie.

Dans le temps, sous un bloc, près de Saltare, il y avait une source et le tuyau pour amener l’eau courante au bivouac. Je ne garantis plus cet élément de grand luxe.

Bon, compter trois heures pour monter et deux heures pour descendre… au minimum. Trois heures trente à la montée est un pronostic plus raisonnable.

Retour par le même chemin et merci à Madame pour ses photos (son blog est ici).

PS : attention au temps ! Il tourne vite et il nous a fallu redescendre plus tôt que prévu sous la pluie alors qu’à Bardiana, c’était grand soleil.

PS.. le blog que vous parcourez, fait partie d’un site dédié à l’apprentissage de la langue corse. Si vous voulez le découvrir, cliquez sur l’image ci-dessous…

Capicursura in Filosorma: la boucle des Tassi!

Il me semble connaître plutôt bien les « ..sentiers de mon pays… » mais je n’avais pas encore eu l’occasion de faire en son entier, la longue balade que j’appellerai « boucle des Tassi ». Pourquoi ce nom ? Parce que c’est une boucle qui passe par i Tassi et voilà ! Remarque en passant, je suis un peu ennuyé car « u tassu » en langue corse, c’est le blaireau ou l’if. Or, je ne vois pas d’if en cet endroit et les blaireaux que j’y croise de temps à autre, ne sont point des quadrupèdes.. Bref, le mystère demeure.

C’est une bien grande erreur que de ne pas avoir fait cette boucle car c’est une balade splendide et parfaite, une fois encore, pour une belle journée de novembre. Une quinzaine de kilomètres tout de même avec 500 mètres de dénivelé concentrés sur l’aller puisque le retour se fait par la route forestière, à la descente..

Point de départ proposé..parking du pont de Montestremu…suivre la route qui monte pour arriver au hameau…obliquer à gauche après le gîte (balisage) et suivre ensuite le chemin, magnifique, qui reste sur l’adret. Le suivre jusqu’à ce qu’il retrouve la route forestière et là redescendre vers la droite. La fontaine di i Tassi est tout près. Et rentrer par la route en n’oubliant pas de surveiller le déplacement des safranés nombreux en ces parages. Une remarque toutefois. S’il a plu, ne vous hasardez pas à traverser le ruisseau de la Scalella. Avec beaucoup d’eau, le gué ne doit pas être très sûr.

Comme toujours, les photos sont celles de « a bellula lestra » (son site qui mérite lui aussi une visite) et elle parlent d’elle même,

 

Mais, bien qu’elles parlent d’elles-même, je vais en tant qu’inénarrable bavard, y adjoindre quelques commentaires.

Première chose à ne pas rater, c’est le vieux Montestremu, exemple remarquable et préservé de ce qu’étaient les anciens villages. Hélas, la majeure partie des maisons tombent victimes du temps qui passe mais aussi et surtout de l’indivision qui demeure. Un petit clin d’œil à Antoine qui a retapé la sienne et nous a offert le café dans son nid d’aigle ! Ô Anto, portati bè..Internet un l’ai ma forse qualchi sia ti parlara di quest’articulettu.

Ensuite, les quelques ruines que vous trouverez sont celles du couvent de Sainte Marie. Le lieu a été démaquisé et on distingue fort bien le four qui devait servir aux moines. Pour ceux que ce sujet intéresse, j’ai écrit il y a quelques mois déjà, un article sur le couvent, article accessible en cliquant ici

Le retour se fait, je l’ai déjà dit par la route forestière.. faites le en flânant et sans bruit en ayant un œil sur le fossé et le maquis alentour. La photo des champignons (quelques oronges s’il vous plait!) montre l’intérêt qu’il y a à rentrer en philosophe et le fait d’être silencieux vous procurera, peut être, la chance de voir un mouflon descendu des crêtes.

Ce que vous verrez sans nul doute, et de plutôt près, c’est le Tafunatu en majesté. Et rien que pour ça, vale u colpu !!
 

PS.. le blog que vous parcourez, fait partie d’un site dédié à l’apprentissage de la langue corse. Si vous voulez le découvrir, cliquez sur l’image ci-dessous…

Muntagnera! Enfin, un bout…

Et si nous parlions randonnée ? J’ai pas mal marché par chez moi et il me semble que je peux vous donner envie d’en faire autant. Et puisqu’il s’agit aussi de promouvoir la langue corse, nous allons examiner ma première proposition en musique. Grâce soit rendue à Word Press, mon éditeur de blog qui dans sa dernière version, autorise l’insertion de contenu. Donc, cliquez sur l’image You Tube pour avoir le groupe A Filetta en fond musical et plus particulièrement, la chanson « a muntagnera » qui relate le parcours de transhumance entre la plaine d’hivernage du Filosorma et les hautes vallées d’estive du Niolu. Le parcours que je vous propose correspond  aux quatre premiers couplets de cette chanson écrite par mon cousin Marcellu Acquaviva di L’Acquale, dans son recueil de poésies ‘l’Acqualugia ». Ch’ellu riposi in pace.


1er couplet….

Ch’ellu si n’hè scorsu maghju
Sarà più d’una simana ;
Approntati, o capraghju !
À lascià piaghja è calmana
Ch’ai da fà l’altu viaghju
Dopu ghjuntu in Barghjiana

Depuis que Mars s’est enfui,
Cela fera plus d’une semaine,
Prépare toi ô chevrier
A laisser la plaine et sa chaleur
Car tu devras faire un haut voyage
Lorsque tu seras arrivé à Bardiana

église

La randonnée que je vous propose est basée sur une partie de l’antique chemin qui ramenait donc les troupeaux des vallées du Filosorma où ils passaient l’hiver, au Niolu, où ils allaient rester durant l’été. Comme le dit ce premier couplet, l’aventure commence à Bardiana. Et plus précisément près de l’église où démarre la route forestière. A ce stade, plusieurs options. La première consiste à tout faire à pied et suivre cette piste carrossable sur environ sept kilomètres  avant d’arriver au pied du col, où tout le monde de toutes façons, devra marcher. La deuxième, si vous avez un véhicule assez haut sur patte, c’est de vous garer au pont des Rocce ce qui vous fera gagner quelques kilomètres et enfin si vous avez un quatre à quatre, vous pouvez aller au bout de la piste. Arrivé à la fontaine di i Tassi, vous ne pourrez pas aller plus loin qu’une passerelle et reviendrez vous garer 100 mètres plus haut sur un espace herbeux, sous un énorme rocher. Mais, tout faire en marchant, présente un double avantage. On se chauffe les muscles avant la grimpette et on profite d’une vue splendide sur les contreforts du Tafunatu.

2ème couplet….
Avvedeci, o Falasorma !
Cù i parenti è l’amichi
Sempre liati à Niolu
Per e gioie è i castichi :
Da Montestremu à u mare
Avemu listessi antichi.

Au revoir, ô Filosorma
Avec les parents et les amis,
Toujours liés au Niolu
Par les joies et les peines,
De Montestremu à la mer,
Nous avons les mêmes aïeux

En remontant la piste forestière, sur les premiers kilomètres en tout cas, vous verrez sur le versant d’en face, le village neuf de Montestremu  puis le vieux. Les maisons sont en ruine pour la plupart mais elles sont un exemple remarquable d’architecture corse et d’intégration idéale au lieu. Sans peine, puisque les pierres qui ont servi à construire les maisons sont celles des rochers alentour. Puis vous traverserez la plus grande yeuseraie d’Europe avant d’arriver à la passerelle des Tassi dont je parlais plus haut. Ce point marque la fin de la partie carrossable de la piste.

3ème couplet…
Sbuccarè in Caprunale
Guardendu da altu à bassu
Supranendune à O’mita
È a funtana di u Tassu
Basgiati a croce nova
Chì a vechja ùn s’hè più Trova.

Tu déboucheras à Caprunale
Regardant de haut en bas,
Surplombant Omita
La fontaine du Tassu (les ifs ?)
Embrasse la croix neuve
Car la vieille, on ne l’a plus trouvée (elle s’est perdue)

caprunale1

Ah la licence poétique..en un seul couplet, vous arrivez à Caprunale. Pas si évident. Longue montée en lacets qu’il faut absolument éviter au soleil. C’est là qu’on peut admirer le travail des terrassiers même si les éboulements détruisent peu à peu la route. Omita, c’est le nom de la forêt qu’on traverse en bas de la pente et celui aussi d’une maison forestière en ruines qu’on distingue sous les frondaisons. Et la fontaine, est celle dont je parle depuis un instant, celle où vous avez laissé votre voiture. Cette histoire de croix mérite une explication. Du temps de la transhumance, une vieille croix était scellée dans un rocher au passage du col. Une écuelle était là pour recueillir les piécettes laissées par les bergers et randonneurs. De temps en temps, quelqu’un descendait la collecte à l’église. La vieille croix a disparu. Il y en a désormais une autre.

4ème couplet
Eccu a Mirindatoghja,
Ti riposa di a cullata
Ma fà casu à a capra
Ch’ella ùn si sia sbandata
Se tù voli esse in Pùscaghja
Tranquillu pè a nuttata.

Te voilà à l’endroit pour manger,
Qui et repose de la montée,
Mais fait attention à la chèvre,
Qu’elle ne soit pas débandée
Si tu veux être à Puscaghja
Tranquille pour la nuitée.

Arrivé au col de Caprunale, un nouveau choix s’offre à vous après avoir cassé la croûte. Redescendre vers la vallée ou continuer sur Puscaghja, c’est à dire basculer sur l’autre versant. Repartir d’où on vient est tout à fait honorable. Vous aurez fait quelques heures de marche ( au moins 6 en aller-retour) surtout si vous avez tout parcouru à pied. Descendre à Puscaghja est plus excitant. Une grosse demi-heure de descente et au travers d’un environnement quelque peu sinistre (arbres foudroyés!!), vous arriverez dans la vallée de L’Onca. Un refuge vous y attend. Lors de ma dernière visite, il était tenu par le délicieux Dumè Flori. A ce jour, je ne sais plus ce qu’il en est. L’idéal, c’est de dormir à Puscaghja, comme le propose la chanson. C’est que je faisais étant jeune en pêchant dans la rivière qui loin de tout, était fort peu braconnée. Mais on peut, je l’ai fait plusieurs fois, boucler le tout dans la journée. L’aller retour, en marchant de façon honorable pedibus cum jambis tout du long, vous fera entre 8 et 10 heures de marche, car une fois descendu à Puscaghja, il faudra bien remonter au col de Caprunale. Moins si vous avez laissé la voiture à un endroit ou un autre. Et puis vous pouvez aussi continuer la route vers Guagnerola.. mais ceci est une autre histoire et d’autres couplets !

puscaghja

PS.. le blog que vous parcourez, fait partie d’un site dédié à l’apprentissage de la langue corse. Si vous voulez le découvrir, cliquez sur l’image ci-dessous…