Dorothy Carrington et la Corse.

J’ai beaucoup de livres qui parlent de la Corse. Un des premiers racontait des histoires, village par village. Ca allait des légendes à l’origine des noms de lieux. Il me semble que ça devait s’appeler le guide la Corse mystérieuse et après en avoir parlé avec des historiens un peu sérieux, il me semble qu’il aurait dû s’appeler la Corse fantaisiste. Mais c’était plutôt distrayant.

C’est une toute autre affaire lorsqu’on parle de « la Corse, île de granit ».

J’imagine que des érudits y trouveront des erreurs ou des approximations mais peu importe. Je l’ai lu et relu plusieurs fois. Et toujours avec un grand plaisir.

Ce qui m’a surpris, c’est de voir que l’autrice était anglaise. Et de voir aussi à quel point elle avait su aborder des sujets qui touchent à l’âme et à la culture, au travers de la mythologie ou de l’archéologie. 

Anglaise donc, née en 1910, fille d’un officier de l’armée et orpheline, elle a eu une vie riche. Elle s’enfuit d’Oxford, se marie trois fois, vit quelques temps en Rhodésie, un premier divorce puis un veuvage, s’intéresse à l’art et organise une exposition. Elle y rencontre son troisième mari Lord Rose qui est un peintre surréaliste.  C’est avec lui qu’elle fait en 1948, son premier voyage dans l’île avec le projet d’écrire un livre. Elle finit par s’installer seule en Corse en 1954 et divorce une seconde fois. C’est en 1971, que paraît « la Corse, île de granit ». C’est le parcours d’une femme dans l’île d’après-guerre, qu’elle parcourt en autocar, et où elle recueille des récits. Mais elle fait surtout la rencontre de la famille Cesari propriétaire des terrains où se trouve le site mégalithique de Filitosa. Elle évoque dans son livre un endroit qui n’est pas encore mis en valeur mais dont elle perçoit l’intérêt historique. Elle a écrit d’autres ouvrages sur la Corse, que je n’ai pas lus. On ne peut pas tout lire ! Elle meurt en 2002 à Ajaccio après avoir été distinguée par la reine d’Angleterre qui l’a faite membre de l’ordre de l’Empire Britannique mais aussi par l’Université de Corse qui lui a décerné un doctorat honorifique en 1991. Une femme à l’évidence indépendante, aventurière ce qui à l’époque ne devait pas être si fréquent.

Je lui dois ma découverte du mazzerisme ou encore de l’ochju, les prières qui guérissent. Des connaissances approfondies par la suite avec, entre autres, le livre de Roccu Multedo.  Et puis, j’ai quand même fini par aller à Filitosa. C’est loin du village mais j’ai profité d’un petit séjour à Ajaccio pour y faire un tour. C’était en automne. Peu de monde et un ciel bas tout à fait adapté à la visite. C’est un endroit étonnant avec de grands arbres et le calme qui régnait au moment de ma visite, donnait la sensation curieuse d’un lieu encore habité. Du point le plus haut, on imagine sans peine pourquoi ils étaient là. L’eau, le vallon, des terres à cultiver et du bétail à faire paître. Et les pierres, tout au long du parcours de découverte qui, peut être que j’ai trop d’imagination, semblent être des témoins actifs et toujours présents.

A la sortie, il y a une boutique où on vend toutes sortes de produits en rapport avec Filitosa. A ma grande surprise, aucune trace du livre de Dorothy Carrington ni même de son passage. Je n’ai posé aucune question, acqua in bocca. Comme on dit en Corse, il y a dû avoir quelque chose. Alors, si quelqu’un de passage me lit et qu’il a la réponse, je suis intéressé ! Si c’est une affaire de famille, je comprendrais bien que personne ne me réponde..pane o pernice, affaru di famiglia un si dice..pain ou perdrix, sur les affaires de famille…rien ne se dit !

PS.. le blog que vous parcourez, fait partie d’un site dédié à l’apprentissage de la langue corse. Si vous voulez le découvrir, cliquez sur l’image ci-dessous…

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