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Le Fango….U Fangu….

Le Fangu court sous ma maison. Quelques minutes à pied pour le rejoindre. Il doit sans doute exister des fleuves plus beaux mais je n’en ai jamais trouvé. Et pourtant, j’ai parcouru quelques pays parmi les plus beaux.

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Le fleuve. Un peu présomptueux comme appellation pour un cours d’eau qui doit faire trois mètres de large au plus. Mais c’est justifié puisqu’il se jette à la mer.
Fangu ! Quelle injustice de voir qu’il pourrait tirer son nom de la boue, a fanga. Une eau aussi limpide, pure associée à la turbidité. Difficile à croire. Sauf, si on assiste à une crue. Et là, alors que tous les ruisseaux se rejoignent, une vague se forme et roule dans la vallée, emportant avec elle, des pierres, des arbres, jusqu’au delta de la Foce où pour un moment, la couleur de la terre l’emporte sur celle de la mer. Le marron envahit le golfe de Galeria et repousse le bleu turquoise, loin au large.

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Je connais le fleuve par cœur du moins les quelques kilomètres qui vont du pont de Mansu jusqu’aux trous proches de l’ancien village de Candela. Gamin, les piscines en bas de la maison pour apprendre à nager puis les premières émotions à la passerelle. Quatre ou cinq mètres de fond. Une eau verte. Et après l’aventure. Plus tard, les après-midi au soleil a  San Quilicu. Les plongeons pour épater les filles. Des sauts improbables. Il y a de la chance pour les adolescents amoureux. Nous aurions dû nous casser le coup cent fois en sautant toujours plus haut dans une eau toujours moins profonde. Puis la pêche. Bocca Bianca, Cavicchia avec les nuits à la belle étoile, enroulés dans une simple couverture.
Il faut bien comprendre qu’à l’époque, la vallée du Filosorma était inconnue ou presque. La route venait d’être goudronnée et elle était bien étroite. Les touristes filaient sur Porto en ignorant, tant mieux pour nous, la vallée qui s’ouvrait à gauche en arrivant au carrefour du moulin. Le Fangu nous appartenait.

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A la fin de l’été, alors que le village disparaissait très vite, le fleuve nous accompagnait  jusqu’au pont des cinq arcades. Il y a avait de l’eau dehors et de l’humidité dans la voiture silencieuse.
Un fleuve aussi beau ne pouvait rester ignoré si longtemps. Désormais, les rochers sont noirs de monde et tout le long de la route, les voitures sont alignées. Normal. Rien à dire. Pourquoi priver le monde de cette beauté. Simplement le Fangu souffre et étouffe à la manière d’un organisme vivant qu’on embrasserait trop et d’une manière trop violente.

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La crue, la grande crue de la fin du mois d’août, celle là je l’aime bien. C’est le Fangu qui s’ébroue, qui fait sa grande toilette et charrie au plus loin, les traces de l’été. Les vacances sont finies et le fleuve respire.

U Fangu…

U Fangu corre sottu a mo casa. Una stondetta a pedi per raghjunghjelu. Ci seranu fiumi forse piu belli ma un l’aghju mai trovi . Eppuru, aghju giratu parechji paesi tra i piu belli.
U fiume. Un pocu d’orgogliu cume nome per un corsu d’acqua chi fara di piu, tre metre di largu. Ma, si po di omu, postu chi stu corsu si lampa in mare.

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Fangu ! Piu bella inghjustizia di vede chi u so nome puderia vene di a fanga. Un acqua cusi limpida, pura, assuciata a a turbidita. Difficiule da crede. For di vede una fiumara. Allora, quandu tutti i ghjargalli si trovanu, si forma una matarasciata chi roda indè a valle, purtandusine, pedre, arburi sin’a u delta di a Foca induve per un mumentu u  culore di a terra supraneghja quellu di u mare. U castagninu invadisce u golfu di Galeria e rispigne u turchinu, luntanu a u largu.

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Cunoscu di mente, quellu fiume, o mancu i qualchi chilomètri chi vanu di u ponte di u Mansi sin’a li pozzi vicini di u paese abandunatu di Candela. Zitellu, i pozzi, in ghjo di a casa per amparà da nutà eppo i primi emuzioni sotta a verga. Quatru o cinque metri di fondu. Acqua verde. E dopu l’aventura . Piu tardi, stonde assulanate dopu mezziornu in San Quilicu. Capiciotti per abbacciacà e zitelle. Salti assai imprubabile. Ci sera un Diu per i pullastri inammurati. Ci era a piazza per truncassi u colu cente volte saltandu cusi da un scogliu sempe piu altu in un acqua sempre menu prufonda. Eppo a pesca. Bocca Bianca, Cavicchia incu e notte a chjardiluna, ingutuppati in qualchi cuverta.
Ci vole da sapè chi, a l’epica, u Filosorma un era cunisciutu di nimu o guasi. A strada venia di esse catramata e era bella stretta. Turisti pigliavanu per Portu, lasciendu, tantu megliu per noi, u valle chi s’apria a manca ghjughjendu a u cruccivia di u mulinu. U Fangu ci pertenia.

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A a fine di a statine, mentre chi u paese smariscia prestu prestu, u fiume ci accumpagniava sin’a un ponte di e cinq’arcate. Ci era acqua a l’infora e umidita indè a vittura zitta.
Un fiume cusi bellu un pudia firmà scunisciutu. Oramai, e sponde so neri di mondu e e vitture so in infilate nant’a u stradone. Nurmale. Nulla da di . Perche privà a ghjente di questa belleza ? Ma u Fangu soffre e stufa quante un urganismu qui seria troppu abbracciatu e di una manera viulenta.
A fiumara, a grande fiumara d’aostu, questa qui mi piace assai. E u Fangu chi si scuzzuleghja, chi face a so tualetta et chi si porta a u piu luntanu, e traccie di l’estate. Vacanze so finite e u fiume si rinfiata.
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PS.. le blog que vous parcourez, fait partie d’un site dédié à l’apprentissage de la langue corse. Si vous voulez le découvrir, cliquez sur l’image ci-dessous…

Filosorma.. les beaux étés

Je ne vais plus l’été au Filosorma. Trop de bruit, trop de monde et une chaleur blanche trop violente pour mes yeux et mon moral. Je préfère l’automne des champignons et le printemps des truites. Pourtant, aujourd’hui c’est de cette saison dont je vais vous parler . Non ce n’était pas mieux avant. C’était juste différent. J’étais un gamin et c’est aussi simple que ça.

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Juillet c’est d’abord des fenêtres qui s’ouvrent. . Les maisons s’ébrouent. Tard dans la nuit, des lumières restaient allumées à peu près partout et du haut du village, près du cimetière, je voyais comme une guirlande. Les grands trou d’eau, i pozzi, s’étaient remplis de gamins braillards et encore pâlots. C’était la période des retrouvailles aux invariables questions où on devait pêle-mêle donner des nouvelles rassurantes sur ces succès scolaires, affirmer haut et fort qu’on préférait la Corse au continent et refuser avec tact la sempiternelle grenadine. Tu as appris à parler corse……oui…comment tu dis bonjour…arrête…il vaut mieux que tu parles français que d’estropier le corse… Les enfants faisaient un tour rapide de chaque maison pour saluer la parentèle. C’était un premier devoir de vacances. Il convenait de n’oublier personne. Plus tard, lorsque la chaleur était un peu retombée, les parents après un coup de ménage, une maison qui reste fermée est pleine de poussière, passaient une tenue décente, pantalon à manches longues et chemisette, et se préparaient, avec une mine de circonstance, aux visites de condoléances. Ce n’est qu’après ces exercices obligés que les vacances commençaient.
Le bar connaissait sa période faste. Le camion des glaces montait deux fois par semaine. Le soir, alors qu’un petit vent descendait de la grande barrière toute rouge devant le dernier soleil de la journée, les touristes refluaient et c’était l’heure de l’apéritif. Pastis. Ou pastis. Et politique. Il y avait un plaisir un peu pervers à se trouver là à renouveler, une année après l’autre les mêmes gestes aux même heures. Une forme d’ennui, une indolence dont chacun était plus ou moins conscient mais que personne n’avait envie de combattre. L’impression d’être à sa place dans une pièce écrite pour chacun avec des dialogues identiques, des réparties prévisibles pour des rires annuels.

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Les vacances ne duraient pas assez longtemps pour qu’on s’en lasse.
Puis le mois de juillet touchait à son terme. Les enfants pâlots et un peu grassouillets du début étaient désormais aussi noirs et secs qu’une branche de ciste après le feu. Des heures de cavalcade dans le village et de baignade dans le fleuve avaient transformé les gamins. Ils avaient même pris l’accent et ponctuaient leurs phrases d’expressions locales… Le moment était venu pour eux de repartir. Il fallait laisser la place à une nouvelle cargaison de petits exilés qui devaient bronzer à leur tour.
Le jour avant, le père préparait la voiture. Il mettait la galerie en pestant. Comme d’habitude ils allaient repartir plus chargés qu’à l’aller. Les enfants raisonnaient « en dernier »…Le dernier plongeon, la dernière promenade au fond du village pour se faire peur près du cimetière, la dernière glace… Puis, pendant que les parents chargeaient le break, valises, glacière pour le fromage, on glisse dans les interstices les canistrelli apportés par les tantes, et la monnaie du pape pour faire des bouquets dans le salon, la monnaie du pape qui battait au vent du voyage en perdant ses yeux et qui faisait enrager le conducteur. Un moment peu plaisant en vérité. On embrasse les voisins, à l’année prochaine, puis les parents, on ne dit rien, puis on finit par le père et la mère si par bonheur, ils sont encore vivants. Portez-vous bien. Il y aurait tant de choses à dire à ces petits vieux qui vous serrent. Tout ce qui n’a pas été dit jusque là. La peur de ne pas les revoir. L’amour qu’on leur porte. Mais on ne dit jamais rien. Deux baisers de plus que d’habitude, la gorge serrée, le conducteur qui monte dans la voiture car il ne faut pas rater ce foutu bateau, putain de mouchoirs qui s’agitent, et au dernier tournant, devant la première et dernière maison du village, un long coup de klaxon pour la dernière silhouette, toute menue qui n’a pas bougé. Et puis, quelqu’un se mouche et c’est fini jusqu’à l’année prochaine… si Dieu le veut…

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Ceux d’août arrivent à peu près en même temps. Ils sont blancs et excités et contents d’être là. La pinède ronfle sous la chaleur. Le fleuve roule moins d’eau. Ils dépoussièrent à leur tour la maison et refont le parcours des condoléances. Encore un mois. Le village vit encore. Un peu. Mais on n’y pense pas. Les jours se suivent et se ressemblent au village. En apparence. Les estivants qui font une halte voient des rues assoupies. Des volets qui sont fermés à l’heure de la sieste et ils entendent lorsque la fraîcheur revient, des conversations qui paraissent identiques aux tables de la terrasse. C’est une illusion. Les gens ne sont pas les mêmes. Leur existence évolue au gré des petites nouvelles et des grands malheurs. La lumière qui tremble aujourd’hui près de l’église n’est pas la même qu’il y a deux jours. Cette maison est fermée alors qu’hier des draps pendaient sur un fil dans le jardin. L’ombre des châtaigniers est plus fraîche et si les moineaux reviennent en bande à la même heure pour se nicher, leur arrivée ne se fait plus dans la lumière du jour. La lumière, elle est peu plus grise, juste un peu. Assez pour que les observateurs habitués sachent que l’été tourne. Des nuages tout ronds s’accrochent au sommet. Il y en avait un la semaine dernière. Il a réuni sa famille désormais. Ca fait une crème rosâtre. Et hier, en fin d’après-midi, l’orage est venu en montagne. Les enfants, faites attention à la crue, ont dit les mères et les tantes, tout comme l’an passé. Les enfants ont répondu ce que répondaient leurs aînés. On connaît la rivière, ne vous inquiétez pas puis ils sont descendus garçons devant, filles derrière, jusqu’au fleuve. Dans la vallée, le temps changeait. Le matin, en se levant, les villageois voyaient les sommets couverts de nuages noirs qui résistaient de plus en plus tard. Le tonnerre se faisait entendre jusqu’en milieu de matinée. Puis le soleil revenait. Il faisait toujours très chaud mais un vent un peu humide descendait de temps à autres faire bouger les parasols du bar. Un jour, sans que ça ne surprenne personne, le ciel était pris du coté de la mer. Les pins bougeaient en cadence et pendant une heure ou deux, les optimistes purent penser qu’il ne pleuvrait pas. Ils n’avaient pas de mémoire ou alors n’étaient pas d’ici. Car, quand la marine est noire, que les nuages qu’elle crache galopent vers leurs cousins des crêtes, il pleut toujours. D’un coup, le vent se calme et il ne se passe rien pendant de longues minutes. Puis les feuilles du cerisier se mettent à frissonner. L’air est plein d’eau. Il ne pleut pas encore mais ça sent déjà l’humide. Une première goutte, large et gourmande, tombe. Puis très lentement une autre. Puis une suivante. Et les sommations passées, l’orage envoie l’artillerie lourde.
Des cascades s’abattent sur les lauzes, rebondissent sur les murs, courent dans les carrughji. Le vent ouvre les volets et visite les maisons. Il faut allumer les lampes. L’obscurité est là qui fait peur aux gamins planqués sous les escaliers. Tu te souviens quand les plombs sautaient. Lorsque la foudre a tué le berger a Petra Pinzuta. Les histoires d’orage font plus peur que la foudre elle même qui tombe là haut où les deux rivières se rejoignent à une heure de marche du village. Si proche pourtant. Après, ça s’arrête. Le premier orage de mi août est bref. Un apéritif, juste manière de dire qu’il s’installe et qu’il reviendra. Quand il est parti, c’est du tout bon. Rien que des odeurs fortes et une impression de grand nettoyage. Le vert est vert, on l’avait oublié. Les oiseaux et les enfants sortent en même temps. Direction, chasse aux vers pour les uns et le premier virage pour les autres d’où on voit le mieux la montagne et le torrent car il faut maintenant guetter la crue. Il y a des cascades qui se sont formées dans les calanches. Les ruisseaux ont grossi. Personne n’ira se baigner aujourd’hui. Ni demain, dans une eau de crue, les vieux ont transmis le message, on peut attraper les fièvres de Malte.
Un lancinant coup de klaxon était début septembre mon dernier adieu. Le village était vide. Les derniers touristes trouvaient sans peine à se garer. Ils n’avaient plus besoin de monter jusqu’au cimetière. De petites troupes, sans enfants, descendaient au fleuve où les attendait une eau bien refroidie par les orages qui désormais éclataient chaque nuit en montagne.

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Pietra fraîche et diable trompé

Cet article a été publié pour la première fois sur l’excellent site http://www.la-rando.com/

Un sourd mécontentement montait dans mon lectorat frustré de ne pas se voir livrer des indications plus précises quant à la localisation de la vallée du Filosorma. D’aucuns commençaient même à répandre une rumeur suivant laquelle l’endroit serait imaginaire. Je croyais pourtant avoir fait litière de ces allégations lors d’un précédent billet. Mais soit! Il me  faut céder et donner plus de détails.

Pour bien découvrir l’endroit, je vous conseille de vous installer en saison sur la terrasse du snack «  A Muvrella  ». Publicité gratuite pour l’établissement exploité par ma cousine. Il est de bonne tenue sinon, je ne me permettrais pas http://muvrella.pagesperso-orange.fr/. De l’endroit où vous vous trouverez à cet instant, croquant dans quelque sandwich au lonzu et regardant avec la satisfaction du propriétaire, une Pietra gouttelante de fraîcheur, de cette terrasse donc, vous pourrez découvrir un paysage panoramique sur la «  grande Barrière  », le bassin du Fangu et ses affluents.

Cette vallée a connu un peuplement ancien. C’était un lieu où les bergers des hautes vallées du Niolu venaient passer l’hiver à la plaine avant de remonter en estive dans les bergeries de montagne.

C’était la route de transhumance «  a muntagnera  » qui empruntait les cols de Caprunale et de Guagnerola. Je l’ai déjà évoquée comme quoi ce libre parcours de blog obéit néanmoins à une certaine cohérence.

La vallée du Filosorma correspond au bassin du Fangu et compte quelques villages, Bardiana, le plus récent, est celui où vous vous trouverez.. Montestremu le plus haut perché sera en face de vous et Mansu caché par un repli est plus en aval.

Bardiana a été créé par notre aïeul qui était garde forestier. Sa maison «  a casa bardiana  » la maison forestière a donné son nom au village qui s’est développé de part et d’autre de la route forestière. A l’ubac hélas mais nul n’est parfait pas même les hameaux.

Ce fut un endroit peuplé et animé jusqu’au lendemain de la seconde guerre. On y cultivait les céréales et cette micro-région vivait dans le cadre d’une économie agro-pastorale. Puis petit à petit, elle s’est dépeuplée pour retrouver de la vie au moment où l’été arrive.

Levez les yeux et observez ! Au tout premier plan, le confluent entre les rivières venues de droite et de gauche. A partir de ce confluent on peut parler du Fangu. La vallée de droite remonte vers Caprunale. Celle de gauche vers les sommets qui surplombent Asco et le Niolu.

Vous observez plus haut, un chaînon rocheux qui sépare bien deux vallées, celle de la rivière Cavichja à droite et celle de Bocca Bianca à gauche. Cet endroit se nomme «   E force  » les fourches.

De la gauche vers la droite vous pouvez voir certains des sommets les plus hauts de Corse. En plein milieu de la vallée de gauche, cette pointe triangulaire se nomme a Muvrella.. Derrière elle, la station de ski du haut Asco..à une bonne dizaine d’heures de marche toutefois.

Plus à droite, le Stranciacone aux formes plus arrondies. Puis la Punta Missodia et enfin (hors dessin) surplombant un cirque bien connu, celui de la solitude, traduction très, trop, exotique pour un lieu que les bergers nommaient i cascittoni ou ghjarghja minuta, et enfin a Punta Minuta et ses névés. C’est le parcours du GR20 dans sa partie la plus alpine.

Vous avez remarqué bien entendu la montagne trouée, le Tafunatu. J’y reviendrai. Derrière, on peut distinguer un promontoire qui la prolonge. En fait il s’agit de deux sommets différents. Ce promontoire c’est la Paglia Orba qui est séparée du Tafunatu par un col étroit nommé le col des Maures. Derrière ces sommets, les hautes vallées du Niolu. Cette longue suite de sommets dont plusieurs dépassent les 2000 mètres, ne peut être franchie qu’à deux endroits. Les mollets vous démangent à l’évocation de ces sommets. Je vous suggérerai plus tard quelques idées de promenade.

Mais avant d’en arriver là, pourquoi ne pas conclure aujourd’hui par une vieille légende.

 » Au temps où Saint-Martin gardait les troupeaux dans les prairies du Niolu, il reçut la visite d’un étranger qui lui demanda d’entrer à son service. Ce dernier semblait nécessiteux, le saint l’engagea donc, dès la première nuit où il partagea sa hutte avec son domestique, il s’aperçut que celui-ci dégageait en dormant, une forte odeur de soufre.Le lendemain matin, Martin dit au pâtre qu’il avait deviné sa véritable identité et qu’il ne pouvait le garder à son service. Le diable entra dans une violente colère. Il s’en alla donc, décidé à rester dans les environs et à faire à Saint-Martin une redoutable concurrence.

Le diable qui sait admirablement déguiser sa méchante personne s’en alla trouver le chef du village du Niolu. Il lui proposa de lui construire un pont sur le Golo en échange de la propriété d’une âme à choisir dans son village. Mais celui-ci s’en alla demander conseil à Saint-Martin. Quelques heures plus tard, le diable réapparut, le chef du village donna son accord mais le pont devait être complètement achevé en une nuit, c’est à dire, avant que ne chante le coq. Le satanique ingénieur se mit au travail, toute la nuit on entendit près du Golu un vacarme épouvantable, le pont était presque achevé tant les milliers de diablotins appelés par Satan à son aide avaient mis d’ardeur à leur ouvrage. Au milieu de ces ténèbres enfiévrées par le tumulte infernal, un homme marchait calme et paisible, il contempla le travail exécuté. Une seule pierre restait à poser. La clé de voûte du Pont.

Alors l’homme sortit de dessous son manteau un coq. Le coq s’étira et se mit à chanter. Un cri de rage partit des rangs des travailleurs de l’enfer. À son tour, le diable, poussa un rugissement affreux et lança en l’air son outils inutile. Le marteau alla frapper le « Capu Tafonatu », (la montagne trouée) qu’il traversa de part en part. Et c’est ainsi que fut creusé le trou du diable, à l’instant précis où Lucifer disparut. « 

Des lettrés, des savants, des géologues évoquent un problème d’érosion à propos de ce trou. Pourquoi pas. Chacun est libre de croire ce qu’il veut y compris au diable.

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