A l’été 1975, un peu avant d’arriver à Tuarelli, on pouvait apercevoir de la route un curieux assemblage en bois, placé tout près de la rivière .
Il a tenu jusqu’à la première crue de l’été et nous a intrigués pendant quelques semaines. A défaut de pouvoir identifier l’objet avec précision, nous en avons conclu que c’était encore l’invention de quelque touriste. Et nous sommes passés à autre chose..
L’explication est venue l’hiver suivant. Mon ami d’enfance venait d’intégrer une école à Aix et avait vu qu’à l’affiche d’un cinéma d’art et d’essai, un film était proposé avec comme titre « Au long de rivière Fango ». Il s’y est précipité en rameutant quelques collègues, histoire de leur faire découvrir sa région. Question découverte, ils ont été un brin déçus. En revanche, il a enfin pu savoir ce qu’était cette construction étrange. Un métier à tisser construit pour les besoins du film et laissé là après le départ de l’équipe. Et quelle équipe !
Voilà ceux qui ont fréquenté Tuarelli à cette époque. Romain Bouteille, Patrick Dewaere , Rufus, Élisabeth Wiener ou encore Emmanuelle Riva…et Miou Miou non créditée au générique mais qui accompagnait son compagnon.
1975.. Tuarelli..l’équipe du Café de la Gare. Cocktail détonnant si on veut bien se rappeler qu’elle était la philosophie de l’équipe de Romain Bouteille. Chantier collectif dont le mode de vie revendiqué était « le copinage en concubinage ».
A Tuarelli, à l’époque, il y avait une auberge tenue par une dame très gentille qui se prénommait Angèle. Je la revois fort bien car avec ma mère, nous ne manquions pas de nous arrêter pour la saluer, chaque fois que nous passions devant chez elle. Avec le recul, j’avoue que la confrontation entre ces jeunes libertaires et cette dame issue d’une génération tout de même très traditionnelle a dû être étonnante.
J’ai eu du mal à retrouver quelques photos (et de médiocre qualité!) tant le film est confidentiel mais au vu de celles que je vous propose, ça a dû décoiffer dans le hameau.
Mais et c’est un pied de nez à ceux qui voient les corses comme rétrogrades, l’affaire s’est bien passée. Elle s’est tellement bien passée que Patrick Dewaere et Miou Miou ont prénommé leur fille Angèle en hommage à celle qui les avaient si bien accueillis.
L’histoire, si j’en crois ce que j’ai pu lire sur le net, est assez fumeuse. « …Sur un territoire lointain, refusant le modèle consumériste et capitaliste, plusieurs dizaines de personnes s’établissent en communauté, en plein milieu naturel. En marge de la société de consommation, ce groupe est confronté à la réalité de leur utopie. Jérémie et Bild sont les derniers à le rejoindre. Bild, le jeune et bel étranger, est parti en quête d’y retrouver sa mère, Mathilde, qui a fondé ce lieu. Mais Bild, découvrant que le véritable fils de Mathilde est en fait Jérémie, ne supporte plus de vivre. Au moment où il va faire l’amour avec celle qui est désormais sa sœur légitime, Jérémie, horrifié par l’inceste qu’il allait commettre, quitte définitivement la communauté… »
Pas certain que cette tragédie à la sauce grecque ait enthousiasmé les foules. Il semble qu’on peut encore trouver quelques rares copies VHS mais de piètre qualité..donc, je ne me lancerai pas dans cette chasse au trésor.
Finalement, pour une région aussi belle, il y a peu de références cinématographiques. J’en connais deux. La première c’est La Loi du survivant, un film français réalisé par José Giovanni, sorti en 1967 avec Michel Constantin. On y voit en tout et pour tout le moulin du Fangu parce que le héros s’arrête au carrefour. Rien que pour cette scène de quelques secondes, la famille se réunissait devant l’écran à chaque diffusion et commentait avec joie ce plan fugace. Je pense aussi que le château mystérieux doit être le fortin de Girulata.
La seconde, ce n’est même pas du cinéma. Un téléfilm. Anna en Corse avec Romane Bohringer et Micheline Presle qui s’échine à parler avec l’accent corse. Piteux. Une journée entière à tourner une séquence où un autocar est arrêté par un troupeau de chèvres qui traverse la route. E capre un vulianu micca passà ! C’était du coté du pont de Montestremu et je me souviens surtout d’une belle pagaille.
Bref.. peu de films marquants. Aucun en fait et pourtant… comme le dit ma femme, le Tafunatu c’est un peu l’oeil de Sauron. Le seigneur des anneaux en Filosorma, voilà qui aurait eu de la gueule.
PS.. le blog que vous parcourez, fait partie d’un site dédié à l’apprentissage de la langue corse. Si vous voulez le découvrir, cliquez sur l’image ci-dessous…