Da vede… Scandula

ll aura fallu quelques années, pour ne pas dire des dizaines, pour que trouve le temps d’aller faire un tour à Scandula ! La randonnée est reposante puisque le bâteau travaille pour vous.. Au départ de Galeria, suivant la formule retenue, ce peut être une sortie de trois heures, sortie dont maintenant je peux dire, qu’il fallait être bien bête pour ne pas l’avoir réalisée plus tôt.

Mon parrain, plaisantin et grand voyageur, avait dit en revenant du Viet Nam « ..chi tanti baie d’Along, un vale Scandula.. ». Mes cousins, avec qui nous avons justement fait la promenade, connaissent aussi la baie d’Along et restant objectifs, nous ont expliqué qu’Along était grandiose mais qu’en effet les couleurs étaient bien plus belles chez nous. Mais qui pouvait en douter ?

C’est en 1975 que la réserve a été créée. J’ai le souvenir de débats assez animés sur ce thème. Toute création d’espace protégé soulève l’hostilité de ceux qui voient, ou pensent voir, leur liberté rognée. En fait, et le guide nous l’a bien expliqué, la ressource halieutique a été depuis multipliée par sept et les pêcheurs y ont trouvé leur compte puisque Scandola, est comme une pouponnière à partir de laquelle les poissons vont peupler des zones où la pêche est autorisée. J’ai le souvenir aussi de ma découverte du balbuzard. A l’époque, premiers pas de l’écologie militante, l’idée qu’une espèce puisse être menacée par le vol des œufs me paraissait surréaliste.

L’alpana, l’aigle pêcheur qui remontait parfois le Fangu quand la mer depuis trop longtemps démontée, lui interdisait de pêcher au large. Et puis, le souvenir du phoque moine, exterminé à coups de fusil pour cause de concurrence avec les pêcheurs. Je découvre que l’INFCOR donne « vechjumarinu » comme traduction alors que par chez moi, il me semble, on disait « vitellu marinu ». Et d’autres animaux qui peuplent la réserve sans parler de la flore terrestre et aquatique.

Tout ça, vous le découvrirez au travers des traditionnelles photos de Madame dont le blog est ici et puis des nombreux textes consacrés à Scandula.

D’autres que moi ont décrit mieux que je saurais le faire la splendeur et l’intérêt du lieu. Par contre, ce qui suit, c’est une histoire que vous ne trouverez nulle part. Une histoire étrange que racontait ma tante à la veillée.

A la mi-août 1918, un berger qui avait sa bergerie au-dessus de l’anse de Fuculara, avait été alerté plusieurs nuit durant par un curieux bruit provenant de la mer. Un souffle. U vechju dicia ch’ellu avia intesu « un cachalot ». Il disait qu’il avait entendu ce cétacé qu’on voyait (longtemps que je ne l’ai plus aperçu) au cours des traversées entre le continent et la Corse. Il disait aussi qu’il avait distingué son corps qui était énorme. Bien entendu, personne ne l’a cru. J’écris souffleur en français car j’ai oublié le nom que ma tante employait. Ca sonnait comme « scuscorzulu » et si quelqu’un peu m’aider à retrouver le mot exact, je lui en saurai gré. Bref, ce n’est qu’après avoir appris que le Balkan avait été torpillé au large de Calvi ( j’ai fait un billet à ce propos ici) que le berger a compris que son souffleur était le sous-marin qui faisait surface la nuit.

Etrange et triste cette histoire. Car ce sous-marin a fait de nombreuses victimes. Maintenant, il n’y a plus de bergers à Fuculara ou Elbu. Et puis, plus guère de veillées. Et ce n’est pas demain qu’on reverra des phoques moines si j’en crois le guide. 35 kilos de poissons par jour, ce sera difficile de trouver un terrain d’entente avec les pêcheurs. Chez nous comme ailleurs, l’harmonie reste un rêve.

PS.. le blog que vous parcourez, fait partie d’un site dédié à l’apprentissage de la langue corse. Si vous voulez le découvrir, cliquez sur l’image ci-dessous…

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