Cet article a été publié pour la première fois sur l’excellent site http://www.la-rando.com/
Il serait peut être temps de vous dire comment trouver la vallée du Filosorma. La mythologie c’est passionnant mais un public de randonneurs avertis n’a cure de ces vieilles histoires et attend qu’on lui dise où user ses Meindl. Le Filosorma se trouve du coté nord ouest de la grande barrière.
La longue série de sommets qui partage l’île en deux et qu’on ne peut franchir qu’en empruntant quelques passages. Caprunale puis Guagnerola, Bocca Muvrella entre autres. Fabrikant dans son guide incontournable quoiqu’ancien note toutefois que la vallée du Filosorma n’est pas le point de départ idéal pour rejoindre ces cols. Vallée trop basse, trop près de la mer avec l’obligation de s’avaler de lourds dénivelés avant que d’atteindre des crêtes qui semblent pourtant si proches.
En arrivant à Bardiana, vous découvrirez cette grande barrrière, Muvrella, Stranciacone, Paglia Orba et Tafunatu dont les approches sont articulées autour des bassins versants du Fangu. Vallon de Bocca Bianca à gauche pour filer vers le haut Ascu à condition de trouver le chemin et d’avoir le courage de marcher une dizaine d’heures dans les bassi, les aulnes nains. Vallon de Cavicchia à droite vers les bergeries de Saltare, étape obligée avant les cols de Serra Pianella ou des Maures (alpinistes seulement).
Tiens, laissez moi vous narrer une aventure qui m’est arrivée dans la Cavicchia, il y a bien longtemps. Mais au préalable, il me faut vous présenter u fulettu, l’esprit des montagnes. Il s’agit selon toute vraisemblance du diable qui prend l’image d’un animal, un porc ou un cabri par exemple. Le berger qui veut rassembler ses bêtes ne parvient pas à attraper une bête isolée. Elle se laisse approcher mais finit toujours par s’éloigner un peu. Le berger se rapproche encore. Le manège continue jusqu’à ce l’animal ait attiré l’homme au plus près d’un ravin où il finit par tomber s’il ne comprend pas à temps qu’il est la victime d’un piège diabolique.
Or donc, peu avant mes vingt ans, nous étions partis avec deux amis poser des filets dans l’espoir d’attraper assez de truites pour nourrir les convives du repas d’anniversaire. Je sais. C’est prohibé. Mais il y a prescription d’une part et je dois confesser que nous n’avons rien pris d’autre part. Drôle de nuit très claire et braconniers bredouilles et transis après une nuit dans la petite grotte qui se situe non loin du traghjettu di u zoppu , le gué du boiteux. Le lendemain en plein midi, histoire d’éviter les gendarmes, nous avons entamé le retour vers le village. Au plus haut des calanche, en plein soleil, deux à trois cents mètres au-dessus de la rivière, dans un relief très escarpé, nous avons entendu jouer de la flûte. Pas le vent dans les roches, non, une vraie mélopée qui s’arrêtait dès que nous appelions le musicien..euh..oh.. avant de reprendre. L’endroit était improbable pour un concert et même dangereux. Nous nous approchions de plus en près du précipice pour essayer de distinguer le parfait illuminé qui jouait dans le vide. J’ai compris que c’était le fulettu quand j’ai regardé mes compagnons. Nous étions tous les trois, au bord du ravin, très près de chuter, attirés par le vide. J’ai crié pour qu’on recule et nous sommes repartis dans un silence absolu. La flûte ne jouait plus. Etonnant non ?
Ah un petit post-scriptum qui n’a rien à voir mais c’est Noël et puis je fais ce que je veux sur mon blog.
Le figatellu qu’on mange en cette saison se fait cuire, jamais cru ! L’idéal c’est à la cheminée en récupérant sa graisse au fur et à mesure, dans deux tranches de pain ouvertes en sandwich. Il doit devenir rouge et ne pas noircir. Si vous n’avez pas de cheminée, cuisson au four. Un plat à four rempli à moitié d’eau et recouvert d’une feuille d’aluminium percée. La graisse coule dans l’eau et ne pourrit pas le four. Position gril. Et là aussi, on surveille, il doit devenir écarlate mais jamais être carbonisé ! Servir avec une pulenta de farine de châtaignes ou une purée de pommes de terre, voire des lentilles ou des marrons. Bon appétit.
Bon Natale a tutti amichi cari di Corsica o d’altro !
Bon Noël à tous, chers amis de Corse ou d’ailleurs !
Je vous parlerai du Filosorma la prochaine fois..
PS.. le blog que vous parcourez, fait partie d’un site dédié à l’apprentissage de la langue corse. Si vous voulez le découvrir, cliquez sur l’image ci-dessous…