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Mamma e i so pruverbii

La page que j’ai mise en ligne et qui est dédiée à la traduction en langue corse, rencontre un certain succès. C’est du travail sans nul doute  mais aussi un grand plaisir que de rendre service et bien entendu l’occasion d’apprendre de nouveaux mots. Toutefois, une difficulté se fait jour lorsqu’on me demande, et c’est fréquent, de traduire des proverbes français. La traduction littérale n’a aucun sens et il me faut alors trouver l’équivalent. Ce qui n’est pas toujours simple car je suis loin d’être érudit en ce domaine (entre autres!).

« Les chiens ne font pas des chats » nous donnera par exemple « i corvi un fanu cardellini » mais comment rendre l’idée contenue dans « l’habit ne fait pas le moine » ? Celui là, par chance, je le connais. « Vesti un bastone, pare un barone » mais souvent je sèche. Bref, tout ceci m’a donné l’idée d’écrire quelques lignes sur les proverbes et expressions que ma maman utilisait.

« Chi di ghjallina nasce in terra ruspa ». Celui qui naît de la poule, grattera le sol. J’adore ce dicton car il est très imagé. Comme souvent, les proverbes trouvent leur origine dans l’observation de la vie animale. Cela étant dit, la leçon de l’histoire est assez pessimiste. Personne n’échappe à son destin et nos actes seraient donc de façon inéluctable, dictés par nos origines.

« In bocca chjosa, un ci entre ne mosche ne bonbucco’ » « dans une bouche fermée, il n’entre ni mouche ni prune » Grande sagesse en vérité ! Le silence est d’or sans nul doute mais le sage insulaire est conscient que si on ne parle pas, il n’y a aucun risque qu’on profère une bêtise mais pas davantage de chance de goûter à une succulente reine-claude ! Vous l’aurez compris, c’est une affaire de mesure où sont renvoyés dos à dos, le taiseux et le bavard. Voilà que nous retrouvons ici la leçon des langues d’Esope. La meilleure ou la pire des choses !

« Torna Vignale » Grand classique auquel j’avais droit lorsque, et il semble que c’était fréquent, je renouvelais une bêtise quelconque. Vous connaissez sans nul doute l’origine de cette expression très usitée lorsqu’il s’agit de reprendre celui qui retombe dans ses travers. Pour ceux qui l’ignoreraient encore, je m’en vais la résumer. Il s’agit d’une anecdote relative à un marchand de marmites venu à Vignale. Profitant qu’il était absent, des gamins avaient aiguillonné son âne, lequel sous le coup de la douleur, était parti en courant en brisant toute sa charge. La saison suivante, arrivé à l’embranchement, le baudet s’était de lui même dirigé vers Vignale. C’est là que son maître avait eu cette expression passée en forme de proverbe « torna a Vignale chi è un bellu paese ! » La version complète est en effet celle-ci « Retourne donc à Vignale que c’est un beau village ». Au Niolu, j’ai entendu la même histoire mais avec un montreur d’ours. Bon, il faut croire qu’il s’est vraiment passé quelque chose dans la Custera parce que ce genre d’anecdote ne sort pas du néant.

« Baccala per Corsica » en est la preuve ! La plus mauvaise morue était destinée à l’île. C’est en tout cas ce que prétendait un pamphlet anti-gênois du XVIIIème siècle. Et c’est toujours ce qu’on dit lorsque il y a un soupçon de discrimination à notre endroit.

Bien, il y en a des dizaines comme ça mais je vais conclure en vous racontant de manière plus détaillée, une petite histoire avec sa morale. Une petite histoire triste mais bon, c’est souvent le cas. Et puisque j’ai cru comprendre que vous appréciez l’exercice, je vous propose le fichier son correspondant. Ah, avant d’oublier, un conseil de lecture sur les proverbes : l’anthologie des expressions corse de Fernand Ettori aux éditions Rivages.


Dunque tempi d’una volta.. ci era in paese, un zitellu chi si ne turnava in casa tutte e sere, bellu tristu. Allora, a u mumentu datu, a so mamma l’avia dumandatu cio chi si passava. E u tintu l’avia spiegatu. Ogni ghjornu, a maestra dumandava a i sculari cosa avianu manghjatu. U tale rispundia figatellu, l’altru dicia un pezzu di carne, u terzu past’asciutta ..Bon.. e ellu chi a so famiglia era da veru assai povera dicia tutti i ghjorni « m’aghju manghjatu a pulenta » Pulenta mane e sera. Era a risa ! E a maestra, chi quante a mè un n’era cusi brava si campava di fallu piglià in burla da tutti.

Allora, a mamma a datu questu cunsigliu a u figliolu.. « a prossima volta, rispondi chi tu ai manghjatu pernice »
U lindumane, a maestra a fattu cume a u solitu « allora ch’ai manghjatu » e ellu di risponde bellu fieru « pernice ô Madama ».. Suspresa, a maestra a fattu cusi « ah ah…e quante n’ai manghjatu ? » E un tintu a rispostu « tre fette ! ! » Ô u poveracciu, ô i risi, avia fattu u so pruverbiu. A murale di l’affaru per Mamma ?

« Pane e pernice..affaru di famiglia un si dice ! ! »

Et j’essaie de m’en souvenir encore aujourd’hui !

PS.. le blog que vous parcourez, fait partie d’un site dédié à l’apprentissage de la langue corse. Si vous voulez le découvrir, cliquez sur l’image ci-dessous…