Début de saison…14ème épisode

Le Filosorma m’a inspiré une (longue) nouvelle policière que j’ai écrite pour rendre service à un copain dont le site sur le SCB périclitait. Je vais la faire paraître ici en quelques épisodes et nous verrons si vous trouvez le coupable avant la fin.. Je précise que pour l’essentiel, toute ressemblance avec des personnes ou des lieux réels est fortuite!!


Toussaint, Marco et quelques autres s’étaient donné rendez vous au cimetière pour enlever la fougère qui envahissait les tombes. Ils avaient travaillé depuis tôt le matin et maintenant que le soleil avait fait son apparition, ils s’étaient regroupés à l’ombre pour casser la croûte.
« …Il pleuvra plus tard aujourd’hui, la marine n’est pas encore prise… » Entre deux bouchées, Fanfan qui scrutait le ciel, rendit son verdict météorologique du jour. … »Tant mieux, comme ça, Marco pourra encore mettre le feu au pagliaghju sans que ça risque rien… » « …Arrête ô Pascal, parce ce qu’énervé comme il est Ange-Etienne, il a pas le goût à la plaisanterie… » Marco, accusé ouvertement donc obligatoirement innocent, car on ne tait que le nom des coupables, prit le temps de boire un demi verre de Gentile avant de faire part d’une déduction, tellement évidente, qu’elle les laissa tous bouche ouverte sur la tranche de coppa… » …hier soir, zittè, nous étions tous là haut à éteindre le feu. Moi comme vous. Et pendant ce temps, on ne pouvait pas voler le décodeur…donc, pour savoir qui a fait ça, il suffit de se rappeler qui n’était pas là… »…
« On y était tous Ô baulo… » C’était à la fois un cri du cœur et aussi une évidence. Tout le monde y était. Oui mais, si tout le monde y était, qui avait fait le coup… « …On va pas commencer jouer les gendarmes!… » Fanfan à l’évidence ne se sentait pas une âme de détective. « …Moi, dans la bousculade, je suis incapable de dire qui y était ou qui n’y était pas… » U Dragone avait raison. Personne n’avait fait attention à autre chose qu’au feu…Un long silence, le temps de finir la bouteille, fromage de Hyacinthe et oignon rouge, et comme tout le monde regardait le fromage, Marco dit… » Lui, il y était pas… » « Qui? Le fromage? » « Pascal, arrête cinq minutes, tu m’as compris, tu m’as… »
Il se levèrent et redescendirent vers les maisons. En se quittant, Toussaint revint à ce qui en définitive était l’essentiel… »…Les enfants, je rentre à Paris dans trois jours…j’aimerais bien voir un dernier match…alors on descend à Furiani pour Rennes ou pas?… »
Ils allèrent à Furiani. Trois voitures pas pleines. Il y avait déjà moins de monde au stade. On se garait plus facilement. Pas d’embouteillages à partir de Cazamozza et pas de perte de temps pour couper la nationale. « …On est entre nous … »dit Hyacinthe en regardant les tribunes a moitié pleines. Les drapeaux à tête de Maure étaient concentrés sur une tribune d’où partaient aussi quelques rares pétards… C’est marrant dit Toussaint, la saison ne fait que commencer et tu as l’impression qu’elle se termine. Bientôt, il n’y aura presque plus personne. Finalement le stade et la Corse c’est pareil. On n’y est nombreux que l’été. C’est triste mais les supporters sont plus nombreux loin que près. Attends, tu verrais quand il y a le libecciu l’hiver. Il passe dans les tribunes vides. La haut c’est pareil, regarde , si tu viens l’hiver pour un enterrement, tu n’as qu’une envie c’est de repartir. Les maisons, elles te regardent avec des reproches. Toutes fermées, humides avec des traces noires. Ils éclairent la nuit, on se demande pour qui. Oh, le tacle! L’arbitre, tu dis rien? O Sarsone, Ô vendu…Et lui, il se bouge…cette charnière, elle se traîne.
De longues balles par dessus la défense corse faisaient passer un frisson nerveux entre les épaules. Il y a des soirs comme ça où rien ne va. Pas de rythme, une circulation de balle approximative, les joueurs qui ne se trouvent pas et qui se regardent les bras ballants après une mauvaise passe au lieu de se remettre à courir pour récupérer le ballon.
Dans ces cas là, il arrive ce qu’il doit arriver. Un latéral qui monte, un centre flottant, une vive contre-attaque et des bretons qui se congratulent dans une ambiance de vêpres.
Quand ça ne veut pas, ça ne veut pas. La mi-temps fût morne à peine égayé par un fantaisiste qui affublé d’un masque de plongée, d’un tuba et de palmes entreprit d’escalader les filets de protection. Encore un qui veut passer à la télévision, laissa tomber Fanfan.
Le seconde mi-temps ne réconcilia pas les supporters avec leur équipe. Des efforts, oui, mais désordonnés, de longues balles devant qui aboutissaient sur la tête des arrières adverses. Pas d’imagination, des coups de queue de poisson dans le salabre mais rien de construit… Le second but rennais, en tous points semblables au premier relevait de la catastrophe annoncée.
Bastia sur un coup franc lointain, réduisit bien le score mais il était trop tard pour espérer changer le cours des choses. Au demeurant, une partie de la foule avait commencé son reflux vers les parkings. Seule une faible clameur, avertit les déserteurs que l’équipe corse avait réduit le score.
Les villageois restèrent jusqu’au bout. Histoire de donner un dernier coup d’œil circulaire à Furiani dont ils allaient être privés une année durant. C’est beau quand même dit Hyacinthe…c’est vrai que c’était beau, une lune toute ronde, indifférente aux victoires et aux défaites, les premiers contreforts, et plus loin en devinette, les étangs et la mer.
Les kilomètres sont plus longs quand on doit commenter une défaite. Les sujets de conversation manquent. A part les conducteurs, tous étaient assoupis sur la quatre voies qui va de Ponte-Leccia à Ile-Rousse. Après Calvi, les cahots de la départementale firent ensuite office de réveil mais on ne parla pas davantage. L’arrivée se fit dans le silence.


PS.. le blog que vous parcourez, fait partie d’un site dédié à l’apprentissage de la langue corse. Si vous voulez le découvrir, cliquez sur l’image ci-dessous…

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Vous n'êtes pas un robot? * la limite de temps est dépassée