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Capicursura in Filosorma: Girulata

S’il est une balade à faire en automne, c’est bien celle-là ! Pour avoir rejoint Girulata à pieds, en été, je peux vous dire que c’est un exercice éprouvant. La chaleur sans doute mais surtout le monde..miraculi di ghjente ! Bon, ils ont raison d’y être mais moi je préfère ce que j’ai vécu la semaine dernière. Pas un chat sur le chemin, un spuntinu tranquille sur la plage et un instant de farniente à Tuara.

Balade certes mais sportive. Une quinzaine de kilomètres en aller-retour par le fameux sentier du facteur avec environ 500 mètres de dénivelé. Aucun risque de se perdre. Départ du col de la croix..bocca a croce puis c’est indiqué tout le long. Sentier côtier d’où on finit par découvrir l’anse et son fortin. De 3 à 4 heures de marche suivant votre condition avec quelques petits raidillons. Pour être honnête, le plus beau n’est pas l’arrivée. Girulata est comment dire..un peu foutraque.. des maisons, des paillottes.. un chantier à l’entrée. Tournez vous vers la mer, c’est de loin ce qu’il y a de plus beau avec la marche d’approche.

Quelques photos di a bellula lestra, la belette agile épouse et photographe attitrée (son site) et quelques informations de contexte pour savoir pourquoi l’endroit est réputé mythique,

Girulata est un hameau d’Osani en plein milieu du parc naturel régional. L’ensemble, Piana, Scandula et donc le golfe de Girulata, est inscrit depuis 1983 sur la liste du patrimoine mondial.
Le fortin, a priori non accessible au public, a été bâti sur le promontoire au 16ème siècle. C’est à cette même époque que la flotte génoise y a capturé célèbre pirate turc Dragut qui effectuait régulièrement des razzias sur la Corse.
Tout le monde ou presque a oublié Dragut mais le souvenir de Guy Ceccaldi u pidone, le facteur de Girulata reste vivace. Le gaillard parcourait tous les jours le chemin qui désormais porte son nom. 40 minutes dit-on où la pancarte annonce 1 heure 30. Je veux bien le croire, moi qui l’ai croisé il y a bien longtemps. Je l’ai entendu arriver avant de le voir, lancé au galop dans la descente qui mène à l’anse de Tuara. Je lui demandé combien de temps il restait avant d’arriver. Moqueur, ils nous a regardés et a dit « pour vous, au moins deux heures ». Je lui ai répondu en langue corse per falli rimarcà chi noi, donne, omi e zitelli aviamu fattu in tre ghjorni a girandulata tra Corti e Bardiana, passandu l’ultimu ghjornu e Guagnerola e Caprunale ! A risu e m’a rispostu, in lingua nustrale..  ‘tandu vi firmara una mezz’ora ».
Rien que pour un hommage au facteur de Girulata, faites cette magnifique randonnée automnale.
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Capicursura in Filosorma : Chiumi

Un petit mot d’explication sur le titre. Il existe en Filosorma un autre mot que « auturnu » pour désigner l’automne. C’est donc « capicursura ». Où l’on voit que dans cette micro-région, il y a un vocabulaire particulier dont il faudra bien un jour que je prenne le temps de faire le recensement.
Mais ce sera pour plus tard.
Aujourd’hui, il s’agit d’évoquer mon récent séjour automnal à Bardiana et les petites randonnées possibles compte tenu du fait que la nuit tombe plus vite. De bonnes chaussures, un grand beau temps et un panier pour les champignons..les ingrédients indispensables qui étaient réunis cette années.
Pour commencer, la montée vers l’église de Chiumi avec un merci à la Belette Agile, mon épouse et photographe attitré.

Cette promenade d’environ 8 kilomètres et 400 mètres de dénivelé vaut pour la visite à l’église ruinée et le point de vue sur le golfe de Galeria, la grande barrière et la vallée du Filosorma.
L’église donc…Santu Pietru di Chiumi, pieve de Chiumi, diocèse de Sagone..elle date de la fin du 10e siècle, ses blocs rouges contrastent avec le vert des oliviers sauvages et des arbousiers. C’est un témoignage du premier âge roman.

Je vais citer le site « Corse romane » http://corse-romane.eu/spip.php?page=sommaire

La chapelle ruinée de San Pietro di Chiumi se dresse, entourée d’arbustes qui la masquent, sur une crête dominant le golfe de Galeria à 420 m d’altitude .
Témoin du premier art roman entre la seconde moitié du 10e et début 11e, elle est très homogène et ne semble pas avoir été modifiée au cours des temps.  Elle présente une nef unique (13,90 m x 4,90 m) terminée par une abside semi-circulaire avec une voûte en cul de four qui s’est effondrée mais on aperçoit encore l’amorce de l’arrondi. Les murs latéraux, construits de blocs moyens de granit rouge appareillé avec soin, sont conservés sur une bonne hauteur avec les fenêtres percées dans la partie supérieure : deux pour le mur sud (archivoltes en tuffeau léger échancrées), une seule subsiste pour le mur nord (surmontée d’un petit arc composé de tout petits claveaux).
Elle devait être soignée à en juger par certains détails. L’abside était rythmée d’arcatures en tuffeau blanc-gris reposant sur des modillons décorés, comme le fait supposer un bloc replacé lors de la campagne de consolidation en 1974. Des gravures rythment l’archivolte de la fenêtre de l’abside. Les autres archivoltes devaient aussi être décorés (blocs retrouvés dans le hameau de Chiumi).
Deux portes donnent accès à l’intérieur : l’une pratiquée dans la façade ouest et une autre, très étroite, percée dans le mur nord. Quelques pierres de l’autel occupent le chœur surélevé de quelques marches tandis que le long du mur nord se dessine une banquette. Près de l’angle sud-ouest se trouvait la piscine baptismale circulaire constituée de pierres taillées en courbe. Ce type de cuve baptismale sera utilisé durant tout le 11e siècle.
Tardivement, le chœur a été modifié : le nombre de marches réduit à trois et aménagement d’une clôture de choeur. L’église s’élève actuellement en pleine nature. Elle devait appartenir à la piévanie de Chiumi qui est mentionnée dans un texte du début du 16e siècle ; elle a été détruite par les invasions barbaresques de ce même siècle.
Signalons qu’à mi-pente entre le Fango et la chapelle, on a découvert un rocher portant une quarantaine de signes.

Pour accéder à l’église, il faut se garer au pont génois, franchir le pont et monter par la piste..pas passionnant comme parcours mais petit à petit, le paysage se dévoile. Deux options, poursuivre la piste vers le relais jusqu’à la barrière. Prendre le chemin du haut (celui du bas conduit vers les maisons) et après le premier tournant, virer à droite dans un chemin (pierreux et parfois sale) qui mène aux ruines qu’on aperçoit très vite sur la crête en face Pour le retour, à partir de la prairie où se trouve l’église, il suffit de suivre la piste vers le sud, franchir le petit col (épave de charrue) et suivre la piste qui rejoint l’itinéraire du début. Ce parcours permet une petite boucle.
La seconde option qui évite le chemin du haut consiste à emprunter la piste qui conduit aux deux réservoirs bien visibles et la suivre jusqu’au bout. C’est l’itinéraire de retour signalé plus haut.
En gros, une bonne heure de montée…
Campatevi !
 

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Une petite histoire…

Mettant à profit un peu de temps libre, je m’en vais de ce pas vous conter une petite histoire. Vous savez, une de ces histoires qui sont connues par cœur mais qui ont toujours autant de succès à la veillée. Talent du conteur, instant de partage. Parce que pour être tout à fait honnête, il n’est pas dit qu’avec ces macagne, nous soyons tout à fait dans le domaine de l’exactitude historique. Mais, nous n’en avons cure, car comme disent nos voisins de la botte, “ si non è vero, è ben trovatto ”
Désolé pour les non corsophones mais tout ceci n’a un sens qu’en langue nustrale. Je bascule donc sur la version corse tant à l’écrit qu’à l’oral…

Tempi d’una volta…ma un è cusi vechju l’affaru, u Filosorma a vistu assai abitanti mascii lascià u valle per andassine stantà u so pane in queste luntane culunie. Ci vulia puru parte chi a terra un sustentava piu u cristianu e chi tandu, quellu sacrifiziu purtava i soldi ch’ellu bisugnava a famiglia. Un pocu di benistà, una manera di pagà i studii di e surelle. Bon..bardianu di priggio in Cayenne, militariu per stu Tonkin.. Tonkin, Cochinchine è cusi ch’ellu si chjamava a l’epica u Viet-Nam.. Niolu, Filosorma e ogni locu, questa partenza un n’avia nulla di straurdinariu. Tenite, per quelli chi so bramose di ride, state da sente questa canzone (http://www.dailymotion.com/video/x5vhqj_quartier-maitre-de-charles-rocchi_music) Di sicuru, un sera micca un munimentu culturale ma a testimunienza di tempi fa.
Eppo, so turnati in casa questi culuniali. Qualchi ricordi, scatule di mah-jong, avoriu…e u palu !
Questa malatia, e frebbe cumu si dicia omu, vi lascia tranquillu mentre une stonda eppo, tuttu d’un colpu quelle chi ne suffria vedia cullà a so timperatura..e patansciava !
U duttore, chi tandu, venia di Calvi incu a so calescia, girava u valle e distribuia quella chinina.
Un ghjornu, s’è affacatu incu una vera rivoluzione ! Una manera nova di piglia a so midicina : u strughjinu o u suppusitoriu..cum’ella vi pare.
Ah..altru chi e pilule, piu efficace.
Ne a pripostu una scatula a unu, ch’omu chjamaremu Ziu, manera d’un mettesi a la male incu u pocu di famiglia chi li resta.
Di sicuru a dumandatu a Ziu, s’ellu sapia cume ci vulia aduprà u capatoghju. L’altru, u tintu, per un di ch’ellu un sapia micca, a rispostu iè. Forse un n’avia mancu capitu chi era una nuvità.
Bon, pertutu ch’ellu era u duttore, Ziu a dicisu di piglià a midicina. Un n’era dunque ne una pilula, ne una puzione. Umbeh..dopu avè ragiunatu una stonda incu a moglie, e cum’ellu un riescia da capisce a nota (forse un ci n’era mancu), Ziu a fattu a cosa a piu naturale. S’è sciacatu u pruduttu. Vi lasciu imaginà a prova ch’ella sera stata di mastucà e mastucà torna mentre una settimane, una scatula di strughjini. Impussivule da ingolle! Un scempiu !
Bon..forse un mese dopu, u duttore s’è affacatu torna in paese e s’è cansatu indè Ziu e a moglie. L’a dumandatu si a midicina avia fattu u so effettu..
Tandu a rispostu cusi, Ziu…incu una logica chi ci vole ammirà
«  Ô sgio duttore, a mi seria messa in qualchi locu, chi seria statu listessu »
U duttore, ch’ellu riposi, l’a corsa brutta ch’ellu ridia tantu e tantu ch’elle a risicatu di strangulassi ! Sarebbe statu assai logicu vistu a storia. Ma seria statu pecatu ! Chi e tantu peghju per u sicretu medicale e tantu megliu per noi, a prestu empiutu i paesi di st’affaru. E cusi ci a datu una macagna di quelle chi, per a magia d’internet, a da cuntinuà u so allegrettu caminu.

Allez, à la prochaine les enfants. Je reprends le fil de mes occupations professionnelles en espérant vous avoir un peu divertis.

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Fangu…u troppu stroppia !

Me voilà de retour de congés. Bien loin de la vallée du Fangu. Et ce depuis des années. Je fuis le Filosorma l’été pour privilégier la fin du printemps en taquinant la truite et le début novembre, pour traquer les champignons. La nouvelle du blocage m’est parvenue à Kilimandjaro Airport où j’ai accédé à Internet. Small world !
Pour ceux qui ne l’auraient pas vue, j’insère la vidéo, ci-dessous dans ce billet.

Il va être surpris, vu que nous arrivons assez souvent à nous engueuler sur des sujets politiques (par pur plaisir en fait et afin de ne pas en perdre l’habitude) mais, je suis sur cette affaire tout à fait d’accord avec l’intervention de mon cher cousin. Et impressionné par la qualité de son discours. Le métier !
La rivière du Fangu, je crois pouvoir dire que j’en connais les coins et les recoins par cœur. En tous cas, toute la partie qui va du Mansu aux Force. Depuis que je sais nager, et ça date, j’y ai passé 6 heures par jour (au moins) et trois mois par an à faire les 400 coups.
Les souvenirs sont précis. Un fleuve propre, fréquenté par les villageois et quelques touristes bien informés ou égarés car à l’époque, le Filosorma était loin de figurer dans les guides comme le haut lieu « ..des piscines naturelles à la fraîcheur bienvenue… » Un trou d’eau, un pozzu, par famille..quand ce n’était pas la rivière pour nous tous seuls en début juillet et après le 15 août.
A partir de là, j’ai deux ou trois petites choses à dire.
Qu’on s’entende bien tout d’abord. Il n’est pas question d’interdire aux vacanciers d’accéder à l’endroit. Il s’agit simplement de réguler l’affluence et de mettre en place les infrastructures adaptées à l’accueil. Sans rentrer dans les détails, il apparaîtra évident à chacun qu’une telle présence humaine sans toilettes par exemple, pose un vrai problème sanitaire. Surtout, lorsqu’on constate, et là les touristes n’y sont pour rien, que l’étiage n’a jamais été aussi bas. Pêcher dans le Fangu au mois de juin, est un bon indicateur. Il est aisé de traverser à gué à certains endroits où, avant, le niveau était trop et le courant trop fort pour risquer l’aventure. J’imagine sans peine ce que ce doit être en août avec une eau basse et une vraie surpopulation. U fiume quant’a mè aspetta e prime fiumare per rinfiatassi..le fleuve d’après moi, attend les premières crues pour reprendre son souffle.
Ce qui précède, c’est ce que Gérard a dit et bien dit dans son intervention.
Les causes exogènes..surfréquentation touristique et sécheresse due au changement climatique.
Maintenant, et au risque de me faire quelques amis, je voudrais dire deux mots du respect que nous, qui avons la chance d’être issus, d’un endroit aussi merveilleux, devons à cette vallée.
Le respect qui passe par exemple par l’abandon des constructions anarchiques. Le respect qui passe et c’est bon pour la santé, par la marche à pied pour descendre au fleuve. Le vieux chemin creux, u chjassu, a été détruit pour permettre la mise en place d’une station d’épuration dont on ne sait trop si elle marche. Mais, les textiles et les bambous incongrus s’y épanouissent. Et la piste, réservée à l’origine, aux riverains est devenue une piste d’évolution pour engins motorisés et un parking.
Il paraît que les touristes bloqués au carrefour ont bien compris la démarche des manifestants. J’espère que les paesani comprendront aussi ce que je veux dire.
 

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Suffixes….

C’est bien joli de raconter des histoires, des contes et autres anecdotes. Mais il n’y a pas que la macagna dans la vie ! Et avec toutes ces digressions, j’ai laissé un tantinet de coté, la partie “ pédagogique ” (osons le mot ) de cet espace. Maintenant, il n’est pas interdit non plus de s’amuser. Il me semble que c’est au demeurant la meilleure manière de progresser. Nous allons essayer en tous cas,

Donc les suffixes. Un suffixe, c’est un petit quelque chose en plus que vous rajoutez à un mot pour créer un mot différent, un adjectif, un adverbe voire un verbe. Premier exemple qui me vient à l’esprit, c’est “ isme ” qui accolé à un adjectif ou pourquoi pas un nom propre, va permettre de décliner toute une série de doctrines politiques du libéral-isme au Marx-isme etc etc (les tirets sont là pour la démonstration bien entendu)

En langue corse, vous retrouverez cette même logique.. un nouveau mot ( manu , la main…manata, la poignée), ou un autre adjectif (estru, le caprice…estrosu, capricieux) et ainsi de suite.

Mais ce qui m’intéresse dans cette affaire et sauf erreur de ma part, c’est une chose qu’on ne retrouve pas ou fort peu en langue française, c’est la suffixation (oui, ça existe) qui permet de marquer le diminutif, l’augmentatif et le péjoratif de manière courante. Et si on le souhaite, d’accentuer l’effet recherché en doublant ou triplant ledit suffixe.

Exemple avant de commencer. En français, vous direz un petit enfant plutôt qu’un enfançon ( rare !) ou un petit garçon plutôt qu’un garçonnet (pas rare mais quasi littéraire). Reprenons donc ce dernier exemple. En corse, vous pourriez dire “ un picculu zitellu ” mais “ zitelletu ” sera bien plus audible. Et oui, l’usage du suffixe en langue corse est naturel. Et où ça devient tout à fait amusant, c’est lorsqu’on se décide à comment dire…affiner en doublant et triplant les suffixes…

Un exemple tout simple que vous allez pouvoir reproduire à partir d’autres mots. Et pour cet exemple, je vous propose de trouver la traduction corse de “ un poussin ”. Pas difficile…. c’est “ un piulu ”.

Comme ce poussin est petit, vraiment petit, et que vous voulez le faire sentir, vous n’allez pas dire “ un picculu piulu ” (dur à prononcer et moche !) mais vous allez rajouter un suffixe “ ellu ” ce qui nous donnera “ un piulellu ” soit le petit poussin. Mais comme ce poussin est en plus mignon, vous allez si je puis dire, rajouter une troisième couche de suffixe avec “ ucciu ”. Et notre mignon petit poussin français deviendra sur l’île “ un piulellucciu ”. Et comme il est vraiment minuscule, on se lance dans un “ ellu ” de plus pour avoir un très très petit et mignon petit poussin soit “ un piulellucciullelu ”. Pour être honnête, je doute que quelqu’un aille aussi loin dans le détail anatomique de ce qui n’est jamais qu’une poule en devenir.

Et ça marche aussi avec l’augmentatif. Un grand-père français devient un babbone corse ( Babbu-one) où l’augmentatif, vous l’avez compris, est dans le “ one ”.

Continuons à nous amuser avec notre poussin. U piulu. Il est plutôt grand. Donc, ça devient…roulements de tambour.. “ un piulone ” mais il reste mignon donc.. “ un piulonucciu ” Euh, c’est là que l’on peut voir tout de même que la démonstration se heurte à quelques réalités anatomiques.

A vous maintenant de jouer après un bref rappel…
Les suffixes diminutifs sont “ ettu /a ” ou “ ellu / a ” (petit/ e), “ ucciu /a ” (très petit et mignon en prime)
Le suffixe augmentatif est donc “ one ”
Le suffixe péjoratif est “ acciu ” (masculin) et “ accia ” (féminin)

A partir de là, je vous propose sans vous donner la solution de me dire comment vous allez faire pour dire d’un enfant qu’il est tout petit et mignon ou d’une dame qu’elle est petite mais mauvaise et vous allez voir que cette déclinaison est non seulement souhaitable dans une approche idiomatique mais très intéressante aussi pour la prononciation.

Et n’oubliez pas.. u troppu stroppia.. ne vous lancez pas dans la traduction de “ un tout tout petit chien très très mignon ”. Dans ces cas là optez pour le réaliste “ cusi bellu questu catellu ! ”

 

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Mamma e i so pruverbii

La page que j’ai mise en ligne et qui est dédiée à la traduction en langue corse, rencontre un certain succès. C’est du travail sans nul doute  mais aussi un grand plaisir que de rendre service et bien entendu l’occasion d’apprendre de nouveaux mots. Toutefois, une difficulté se fait jour lorsqu’on me demande, et c’est fréquent, de traduire des proverbes français. La traduction littérale n’a aucun sens et il me faut alors trouver l’équivalent. Ce qui n’est pas toujours simple car je suis loin d’être érudit en ce domaine (entre autres!).

« Les chiens ne font pas des chats » nous donnera par exemple « i corvi un fanu cardellini » mais comment rendre l’idée contenue dans « l’habit ne fait pas le moine » ? Celui là, par chance, je le connais. « Vesti un bastone, pare un barone » mais souvent je sèche. Bref, tout ceci m’a donné l’idée d’écrire quelques lignes sur les proverbes et expressions que ma maman utilisait.

« Chi di ghjallina nasce in terra ruspa ». Celui qui naît de la poule, grattera le sol. J’adore ce dicton car il est très imagé. Comme souvent, les proverbes trouvent leur origine dans l’observation de la vie animale. Cela étant dit, la leçon de l’histoire est assez pessimiste. Personne n’échappe à son destin et nos actes seraient donc de façon inéluctable, dictés par nos origines.

« In bocca chjosa, un ci entre ne mosche ne bonbucco’ » « dans une bouche fermée, il n’entre ni mouche ni prune » Grande sagesse en vérité ! Le silence est d’or sans nul doute mais le sage insulaire est conscient que si on ne parle pas, il n’y a aucun risque qu’on profère une bêtise mais pas davantage de chance de goûter à une succulente reine-claude ! Vous l’aurez compris, c’est une affaire de mesure où sont renvoyés dos à dos, le taiseux et le bavard. Voilà que nous retrouvons ici la leçon des langues d’Esope. La meilleure ou la pire des choses !

« Torna Vignale » Grand classique auquel j’avais droit lorsque, et il semble que c’était fréquent, je renouvelais une bêtise quelconque. Vous connaissez sans nul doute l’origine de cette expression très usitée lorsqu’il s’agit de reprendre celui qui retombe dans ses travers. Pour ceux qui l’ignoreraient encore, je m’en vais la résumer. Il s’agit d’une anecdote relative à un marchand de marmites venu à Vignale. Profitant qu’il était absent, des gamins avaient aiguillonné son âne, lequel sous le coup de la douleur, était parti en courant en brisant toute sa charge. La saison suivante, arrivé à l’embranchement, le baudet s’était de lui même dirigé vers Vignale. C’est là que son maître avait eu cette expression passée en forme de proverbe « torna a Vignale chi è un bellu paese ! » La version complète est en effet celle-ci « Retourne donc à Vignale que c’est un beau village ». Au Niolu, j’ai entendu la même histoire mais avec un montreur d’ours. Bon, il faut croire qu’il s’est vraiment passé quelque chose dans la Custera parce que ce genre d’anecdote ne sort pas du néant.

« Baccala per Corsica » en est la preuve ! La plus mauvaise morue était destinée à l’île. C’est en tout cas ce que prétendait un pamphlet anti-gênois du XVIIIème siècle. Et c’est toujours ce qu’on dit lorsque il y a un soupçon de discrimination à notre endroit.

Bien, il y en a des dizaines comme ça mais je vais conclure en vous racontant de manière plus détaillée, une petite histoire avec sa morale. Une petite histoire triste mais bon, c’est souvent le cas. Et puisque j’ai cru comprendre que vous appréciez l’exercice, je vous propose le fichier son correspondant. Ah, avant d’oublier, un conseil de lecture sur les proverbes : l’anthologie des expressions corse de Fernand Ettori aux éditions Rivages.


Dunque tempi d’una volta.. ci era in paese, un zitellu chi si ne turnava in casa tutte e sere, bellu tristu. Allora, a u mumentu datu, a so mamma l’avia dumandatu cio chi si passava. E u tintu l’avia spiegatu. Ogni ghjornu, a maestra dumandava a i sculari cosa avianu manghjatu. U tale rispundia figatellu, l’altru dicia un pezzu di carne, u terzu past’asciutta ..Bon.. e ellu chi a so famiglia era da veru assai povera dicia tutti i ghjorni « m’aghju manghjatu a pulenta » Pulenta mane e sera. Era a risa ! E a maestra, chi quante a mè un n’era cusi brava si campava di fallu piglià in burla da tutti.

Allora, a mamma a datu questu cunsigliu a u figliolu.. « a prossima volta, rispondi chi tu ai manghjatu pernice »
U lindumane, a maestra a fattu cume a u solitu « allora ch’ai manghjatu » e ellu di risponde bellu fieru « pernice ô Madama ».. Suspresa, a maestra a fattu cusi « ah ah…e quante n’ai manghjatu ? » E un tintu a rispostu « tre fette ! ! » Ô u poveracciu, ô i risi, avia fattu u so pruverbiu. A murale di l’affaru per Mamma ?

« Pane e pernice..affaru di famiglia un si dice ! ! »

Et j’essaie de m’en souvenir encore aujourd’hui !

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Impristaticci

Torna quist’annu, a fine di marzu sera stata cattiva ! Vuleriamu lascià l’inguernu daret’a noi, ma ellu s’azzinga quante una zecca a un cane. L’affaru un a nulla a chi vede incu a « meteo ».
Inno, a verita si a vulete circà si trova in Filosorma (comu a spessu diceraghju !). Ma micca indè u Filosorma d’ava incu i so tre paesoli. Inno, in Filosorma di nanzu, parechji anni fa… Forse, ci eranu case e mulini vicinu a u fiume ind’u Mansu o Montestremu. Ma, cio chi cambia si omu paragona a i tempi d’oghje, è chi, a muntagna era populata.
A sapete chi a u locu dettu « e force » s’aprenu duie valle. A diritta, a Cavichja e a manca, Bocca Bianca. Tandu, u Filosorma e quessa a sapete dino, era a terra di i pastore niulinchi chi impiaghjavanu incu e so capre o e so pecure.
In Niolu, facia troppu fretu e un ci era micca abbastanza da manghjà per l’omi e l’animali. A chi stava in Marsulinu o versu Galeria e altri chi avianu u so rughjone in Bocca Bianca. Per quelli chi collanu quassu (fate casu ô zittè a i pruni bianchi !), si vede sempre e ruvine di e mandrie.
Ma un vogliu micca di chi a vita era faciule in Filosorma per sti mesi invernale. Facia dino u fretu e quandu ci era tempurale, suffrianu capraghji e pecuraghji.
Dunque, tempi d’una volta.. ci era un pastore chi era puru cuntentu chi l’invernu s’era passatu a pocu pressu bè. Neve di sicuru, acqua cume a u solitu ma un n’avia persu nulla mancu una capra e nostr’omu vidia Marzu finisce e Aprile chi s’affacava. E incu Aprile, fini guai e pinseri !
In vece di sta zittu, cuntentu ma zittu, u pastore e surtitu per prufittà di i primi ragii di sole veranincu, e quante s’ellu era imbriagu, a cuminciatu da fà u scemu, pigliandu in burla, u mese di Marzu !
U pasturellu dicia capatoghji cusi « Ô Marzu se leccu, ava u cattivu tempu è finitu…aghju da sorte u pecuraghju..u podi piu fà nulla chi un ti resta piu chi un ghjornu ..Marzu catarzu , figliolu di Tagnone, si vale più u mio agnellu cà di tè u to muntone. »..In fattu fine ghjastemava u mese di Marzu chi, ellu, u sentia e un n’era cuntentu! Marzu è frighjulosu, ognunu a sa.. Allora Marzu a dumandatu a Aprile u so fratellu di veranu qualcosa.. » aprile, gentile aprile.. imprestami duie o tre di, incu unu chi aghju, faraghju pente u falsu pecuraghju.. » (di mente chi ci è un pezzu chi un l’aghju entesa questa poesia)

Aprile è statu d’accunsentu e a impresttatu i so primi ghjorni a u so cumpare. E allora, Marzu a fattu vene u tempurale, ventu, acqua, tonu e zaette!! U tintu pastore a pruvatu di parà e so pecure ma un a pussutu fà nulla! A fiumara s’a pigliatu pecure e muntone e un li è firmatu nulla. E statu ruvinatu per avè macagnatu u sgio Marzu! Dapoi questu tempu, quandu i primi ghjorni d’Aprile so cattivi, omu si parla d’impristaticci per sti lochi maravigliosi di u valle di Filosorma! E altro ! !

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Cacciate (2)

Si sente pichjà a a porta.. Entrite, entrite ô zittè chi fora face un fretu chi si seca. Mirate,  aghju incipattu gran’focu. Pusate vicinu u caminu, pigliatevi un bichjeru di vinu e quandu sera pronta a brusta, ci faremu duie o tre arrustite. Allora, pare chi vi anu piaciutu e cacciate di Jojo e chi ava, vulete sente quelle di Titine ?
Si l’affaru un sorte micca di casa e vi possu narrà.
Dunque v’aghju da parlà di Titine. Era una dona brava ma comu possu di..piutttostu senza malizia. Dicia cio ch’ella pinsava e cose cum’elli li venianu. Stava in Niolu e tra di noi ci era a parintia, alluntanata ma parintia quantunque. Luntanu ch’ella era un la vediamu tantu, chi a l’epica, cullà di Filosorma in Niolu era una spedizione. E a mè, mi dispiacia d’un cunoscela chi Mamma m’avia dettu, chi quandu era natu, Titine m’avia trovu assai bellu. Dicia sempre chi criature quante mè un ci ne era tantu. E era bramosa di vedemi torna. E di sicuru esse ammiratu cusi mi piacia assai !
Un ghjornu, avia a pocu pressu quindec’anni, avemu dicisu di fà in duie o tre ghjorni u giru di i nostri parenti niulinchi. V’arricurdate a canzone « a muntagnera » di u tintu Marcellu Acquaviva di l’Acquale ?
Avvedeci ô Filosorma
Incu i parenti e l’amichi
Sempre ligati a u Niolu
Per e gioe e li castichi
Da Montestremu a lu mare
Avemu listessi antichi…
Dunque, si simu cansati in parechje case per finisce per quella di Titine. Era puru cuntentu di vede in fattu fine questa dona chi mi tenia cusi caru. Ohimè..quandu so entrutu in salottu induve c’ aspettava, l’aghju entesa di..(tanti anni dopu, aghju sempre e so parolle in mente ! !) quand’ella m’a vistu
« E quessu Anto’..ma cum’ellu è goffu..un la dicu piu ch’ellu è bellu..ma cum’ellu è inguffitu..ma cusi goffu..ma cusi goffu ! »
Tutt’in terra ô zittè. A m’aghju pigliata e m’aghju tenuta. So surtitu, cochju cochju, manera d’ingolle cio chi mi paria tandu un bel’affrontu. U peghju è chi quarant’anni dopu, i mo cari cugini carnale ( si ricunusceranu) si campanu certe volte quandu m’affacu, mughjandu « ma cusi goffu ! »
Un’altra volta, Titine si n’era andata da fà una visita a una paesana chi venia di parturisce. Ci vole da sapè chi a surella di Titine, pocu tempu nanzu avia persu un ciucciu qualchi ghjorni dopu a so nascita. Quand’ella a vistu u cininu indè u so veculu, a fattu questa cacciata « ah..i belli morenu e i goffi campanu »
Cusi si vede chi di a belleza e di u guffeghju, a nostra amica ne avia primura !
Bon..eiu mi so rimessu di sta vergogna..un n’era cusi grave ma a mamma chi s’a pigliatu in faccia quellu ghjastemu, un so micca sicuru ch’ella appia troppu prizziatu l’affaru.
Tempi d’una volta… ava so tutti in Paradisu, Jojo, Titine e l’altri e so sicuru chi certe volte, si campanu di risu, l’anghjuli e i cherubini !

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Cacciate!

Amicu pinzutu, mi scusarè chi, oghje, aghju scrittu in corsu senza traduzzione. Ma aghju pinsatu dino a quelli chi strazianu per leghje a nostra lingua. M’aghju arregistratu e cusi, ommancu puderete sente si un riescite da leghje.

Dunque, vulemu parlà di e cacciate. Una cacciata è une replica spiritosa o certe volte scherzosa  ch’omu po chjamà ancu tirata s’ella è un pocu longa. Ma quante a mè, e piu belle so quelle chi un so micca fatte apposta.

Aspessu, e cacciate so ligate a unu o una, chi senza malizia, fanu cumu si dice, u so pruverbiu. Aghju sempre in mente certe vechje dedicate a i raconti, fole e altri stavaltoghji. A un mumentu datu, qualchisia dumandava sempre..  « ahè, contaci l’affaru di u tale ». E ci campavamu ben chi queste storie l’aviamu entese forse piu di dece volte.

Allora, vulemu fà quante si eramu vicinu a u fucone e tuccara a mè di fà u narratore.

Quandu omu parla di cacciate, pensu a duie personne. Un omu e una dona. I veri nomi firmaranu secreti e i chjamaraghju qui, Jojo e Titine…

Duie o tre cacciate di Jojo per cumincià..Una volta, u nostru Jojo si ne cullava carcu quante un zimpignaghju, trascinendu nante e so spalle, un bellu carcu di legne. Una mosca u stuzzicava, allitata di sicuru da u sudore. U tintu, un la pudia fà parte. A un mumentu latu, chi ne avia una techja, a lasciatu cascà u legnu in terra, s’a acchjappatu a mosca. I testimonii pinsavanu ch’ellu avia da tumbala per vindicassi. Inno ! L’a strappatu l’ale e a surtitu questa cacciata, lasciendula parte…  «  Ava, marchja a pedi cume mè ! ! ».

Un’altra volta, s’era cansatu in casa di paesani ch’avianu persu a so mamma. Facia cume si dice, i so duveri. Quand’ellu è ghjuntu, i figlioli dopu duie o tre parolle di  circunstanza l’anu dumandatu s’ellu vulia vede a so mamma, per un di a morte o u corpu. E ellu a rispostu «  Perche, è arritta ? ! » Ohimè, pare chi i tinti fratelli, ch’un avianu tantu u core a ride, un a possutu tene..

Un’ultima di Jojo….Per fà un travu di tettu, bisugnavanu in paese, un fustu longu e ben dirittu. Questu fustu l’avianu trovu, un lariciu, indè a Cavichja, vicinu u fiume. Ma ci vulia a fallu ricullà piu in su. Incu e fune, u trascinavanu cum’elli pudianu a mezzu machja, in un bellu pindone. Tiravanu e tiravanu torna, eranu stanchi. Jojo, per tirà piu a l’asgiu, s’era affunatu. Avia a corda chi facia u giru di u so corpu. Cio ch’avia d’accade è accadutu.. Tuttu d’un colpu, l’è scappatu da i mani u fustu e l’anu vistu trabughjà e un tintu Jojo, trabughjà anch’ellu ! Cinque minute dopu, anu intesu piu ‘gno, u rimore di u legnu chi capisciutava indè l’acqua. Santavugliati, anu cuminciatu da fallà sin’a u fiume pinsendu ch’elli avianu da trove a Jojo sticchitu mortu, in duie o tre pezzi.. Pinsate..fallandu pianu pianu, anu trovu un nostr’amicu chi se ne cullava, senza nulla di rottu, appena insanguinatu. L’avia corsa puru brutta ! L’anu dumandatu subitu cum’ellu avia fattu per sfrancassi cusi.
Ellu, tranquillu, l’ a rispostu senza manera « ..umbeh.. induve passava u pinu, passava anch’eiu e quand’ellu saltava saltava anch’eiu.. »

Vecu chi, incu e cacciate di Jojo, aghju scrittu abbastanza per oghje. Quelle di Titine aspettaranu un pocu.
A dopu, o zittè, per un altra veghjata si vo vulete !

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