Début de saison…10ème épisode

Le Filosorma m’a inspiré une (longue) nouvelle policière que j’ai écrite pour rendre service à un copain dont le site sur le SCB périclitait. Je vais la faire paraître ici en quelques épisodes et nous verrons si vous trouvez le coupable avant la fin.. Je précise que pour l’essentiel, toute ressemblance avec des personnes ou des lieux réels est fortuite!!

Le café était chaud mais avant de prendre le bol que lui tendait le berger, Ange-Etienne alla vers le tuyau qui crachait l’eau de la source captée un peu plus haut. Il bût plus que nécessaire, tout au plaisir du jet froid au goût de mousse, de fer et de caoutchouc. Il y avait bien longtemps qu’il n’était pas monté jusqu’ici. Le père à Hyacinthe surnommé Pipo était encore vivant. On venait chercher le fromage et parler un peu. Il avait été conscrit avec l’oncle mais n’abordaient jamais le sujet des tranchées. Leurs conversations tournaient autour des affaires de terrain, de bornage ou bien ils s’inquiétaient de la santé des troupeaux. La guerre, ils y pensaient sans doute, mais ils l’avait enfouie.
« …Il m’était venu l’idée de descendre faire un tour à la plage pour me changer les idées puis en passant près de la piste, j’ai eu envie de monter en promenade jusqu’ici… »
Hyacinthe laissa le temps nécessaire pour l’atterrissage du discours introductif… » Oui, j’ai aperçu ta voiture qui partait. Après le chien a grogné mais je pensais pas que ce serait toi. Plus personne ne monte par l’ancien chemin de ronde…j’ai cru à quelque touriste égaré ».
Le berger savait bien entendu que son visiteur avait fait ce détour pour ne pas être aperçu. Il attendait la suite… »En tout cas, ça me fait plaisir d’être monté jusqu’ici. On y a toujours été bien. En bas, on étouffe et toi tu as toujours de l’air… »
« …C’est vrai…c’est toujours une corvée de descendre. Trop de chaleur et trop de monde. En vieillissant, je deviens sauvage… »
« …Tu vois tout d’ici… du fond du village jusqu’à la dernière maison. Il n’y rien qui t’échappe… »
« Non, si je regarde, je vois tout… mais je ne suis pas tout le temps à regarder… »
« …Ecoute Ô Hyacinte, on se connaît depuis qu’on est tout petit. J’ai toujours eu de l’affection pour toi, tu le sais. On est même un peu parent. Alors, je voudrais te dire les choses franchement. En bas, où ils ont toujours quelque chose à dire, il s’en trouve pour penser que c’est toi qui me fait des embrouilles…moi, j’aimerais autant que tu me dises ce qu’il en est…parce que à parler vrai, je te vois pas faire ce genre de choses, monter sur les toits, casser et tout le reste. Ce n’est pas dans notre mentalité… »
Le berger qui avait fini son café, regarda le fond de sa tasse puis son chien affalé à l’ombre puis enfin son interlocuteur… »Qu’est ce que tu veux que je te dise? Tu le sais que je n’y suis pour rien. Parce qu’on te casse l’antenne, ils pensent que c’est moi. Aouh… ils ont rien compris à ce que j’ai dit alors… les choses avancent et je les supporte. J’ai dit que ça me faisait de la peine de voir qu’on se privait de la sortie, mais de là à saboter ta télé…En prenant de l’âge, j’ai compris que ça ne servait à rien de se lamenter. Les choses sont ce qu’elles sont. J’ai dit ce que je pensais mais j’ai rien fait de plus. Ton antenne et ta télé, elles sont dans le paysage maintenant comme le goudron et l’électricité. Et elles vont y rester… »
« …Oui…je me doute que tu n’y es pour rien. Mais, comme tu vois tout…je me suis pensé que tu pourrais peut être me dire, me donner une idée de qui fait ça…pour lui éviter de prendre un mauvais coup parce que là ma patience, elle est à bout… »
« …Je vois tout…c’est sûr…mais je ne regarde pas tout le temps. Et puis, tu sais bien que je ne vais rien te dire. Ange-Etienne, celui qui a fait ça, j’ai mon idée dessus…c’est quelqu’un…comment dire d’absent…à qui tu ne penses même pas…alors tu réfléchis et tu vois, toi, qui ça peut être… »
Il savait donc pertinemment qui était le fauteur de trouble mais comme c’était prévisible, il ne le dirait pas. Un vrai mirador cette bergerie. Hyacinthe avait du tout observer. .levé tôt le matin, couché tard et parfois même en train de veiller la nuit… » …Tu ne dors jamais!… »
Le berger qui avait suivi le cheminement des pensées de son visiteur, sourit légèrement et répondit qu’il dormait peu en effet… Ange-Etienne s’était levé. Il ne faut pas trop allonger une visite. L’hôte ne dira rien même s’il a quelque chose d’urgent à faire. Il faut savoir partir au bon moment. « …Bon, merci pour le café…je m’en redescends…ça m’a fait plaisir de monter ici…ça m’a rappelé des choses…ça n’a pas trop changé… » Hyacinthe lui sourit « …;tempu e tempi…repasse quand tu veux, quand la saison sera plus calme…autant un matin on monte aux pigeons… »
Un dernier signe de la main et Ange-Etienne attaqua la descente. Il ne remonterait pas bien sûr. L’affût aux ramiers sur la crête, ce n’était plus de son âge et de toutes façons des ramiers, il n’en passait plus guère.


Piu bella bandera!!

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